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Si l’Inde a traversé une mauvaise passe en 2012 avec une croissance à 5,5% plus faible que les années précédentes, elle compte bien se reprendre, et très rapidement. Le Premier ministre indien Manmohan Singh a ainsi lancé un “processus de relance” de l’économie.

C’est vrai, l’Inde vient de traverser une mauvaise passe en 2012. Complexité bureaucratique, hiérarchisation de la société, clientélisme et au final immobilisme du pouvoir… Tous ces maux se sont brutalement retrouvés en première page de nos journaux. Résultat, la croissance indienne devrait tomber à 5,5% cette année, contre 6,5% en 2011, et loin des 8-9% des années précédentes.

Pourtant les pronostics sur la fin du “miracle” indien étaient prématurés. L’Inde a d’abord été victime de son modèle économique. Fournisseur de services informatiques pour les firmes occidentales, le ralentissement de ses clients a mécaniquement fait plonger les bénéfices. Or 56% du bénéfice indien provient des services.

En Inde plus qu’ailleurs, c’est l’État qui tient entre ses mains le potentiel de croissance du pays. Or depuis quelques semaines, le gouvernement s’est saisi à nouveau des rennes de l’économie et a décidé de repartir au galop. Objectif : lancer une nouvelle phase de réforme.

Manmohan Singh I, II, III, IV…
Comme le rappellent les analystes de Gavekal, peu suspects de verser dans l’interventionnisme étatique, “la politique est cruciale en Inde, car toute les poussées de croissance ont été précédées d’un train de réformes”.
Si Gavekal cite les réformes entreprises après la crise asiatique de 1997, on peut remonter jusqu’au début des années 1990 pour trouver le premier exemple de ce lien. Après une grave crise de paiement en 1991, l’Inde a décidé de se réformer en profondeur pour poser les jalons du pays libéral et innovant que nous connaissons aujourd’hui.
Si le politique précède les réformes économiques, on peut même ajouter qu’un homme précède le politique, Manmohan Singh. Déjà à l’oeuvre en 1991 comme ministre des Finances, c’est en tant que Premier ministre qu’il vient de lancer un “processus de relance” de l’économie selon ses propres termes. Trois secteurs sont concernés.
* La réforme fiscale
L’État veut retrouver un équilibre budgétaire. Pour se faire, le Premier ministre a annoncé plusieurs changements fiscaux. Les subventions, par exemple au carburant diesel, seront abaissées, et les impôts seront probablement augmentés. Comme le résume le Premier ministre, “nous allons accélérer le processus de désinvestissement, ce qui ranimera également notre marché boursier“.
* Une plus grande ouverture aux investissements
La chambre basse indienne a voté en début de mois une loi relevant le plafond du droit de vote des actionnaires. Apparemment anodine, cette loi va pourtant avoir “un impact positif sur le drainage des fonds” pour SMC Global Securities.
* La libéralisation de l’économie
C’est peut-être le secteur le plus médiatisé. Les investisseurs avaient poussé des cris d’orfraie en début d’année lorsque le gouvernement n’avait pas réussi à ouvrir le marché de la distribution. C’est désormais chose faite. Dans les mois à venir, d’autres secteurs devraient être libéralisés, comme l’assurance ou l’aviation. L’État devrait également vendre ses participations dans plusieurs secteurs. Ce mois-ci, l’État a vendu 10% des parts du premier producteur de minerai de fer indien, NMDC. Ce type d’opération devrait se multiplier jusqu’en mars.
Comme l’a annoncé Manmohan Singh, “les mesures que nous avons prises ne sont que le début d’un processus de relance de notre économie qui consiste à ramener le taux de croissance à 8 ou 9%“. Or tout porte à croire que ces mesures seront pérennisées dans le temps, pour deux raisons.

La croissance, un objectif politique…

On peut se demander si le Premier ministre indien n’a pas choisi le timing de la réforme en fonction de pures considérations politiques. Car les réformes votées actuellement ne commenceront à produire des effets que l’année prochaine, voire en 2014… l’année des élections nationales. En tout cas, il est clair que la croissance sera au coeur de l’élection, raison de croire à son redressement, au moins jusqu’à cette échéance.

… menée avec une rigueur d’économiste allemand

C’est peut-être le tournant le plus important au sein de l’économie indienne. La Banque centrale indienne a refusé d’abaisser ses taux directeurs ce mois-ci, arguant que l’inflation était encore trop haute. A l’heure où d’autres pays émergents, à l’instar du Brésil, ont choisi l’outil de la relance budgétaire pour faire repartir leur économie, l’Inde montre une étonnante rigueur. Cette orthodoxie est le gage d’une croissance de long terme.
Atlantico
(Merci à Tilak)

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