Le rabbin Michel Serfaty et l’imam Mohammed Azizi qui sillonnent la France en bus pour prôner le dialogue entre juifs et musulmans ont reçu en Essonne, comme ailleurs, un accueil agité.
Un jour, un jeune m’a demandé si j’avais une fatwa [l’autorisation d’une autorité religieuse, ndlr] pour être aux côtés d’un juif», explique Mohammed Azizi.
«Je vais dans les brasiers», aime à dire le rabbin Michel Serfaty. Les «brasiers» ? Pour lui, ce sont les quartiers sensibles des banlieues. La veille, le bus de son association, l’Amitié judéo-musulmane de France, s’était posé à Grigny (Essonne), à la Grande Borne, une des grandes cités du sud de la région parisienne (11 000 habitants et 3 600 logements).
Comme d’autres fois, l’affaire a failli mal tourner. Au volant de sa voiture, proférant injures et menaces, un homme est venu leur crier de dégager. Mais pas de quoi démonter ni faire fuir Michel Serfaty ou l’imam Mohammed Azizi, aumônier régional des hôpitaux pour l’Ile-de-France qui, délégué par la Grande Mosquée de Paris, accompagne le rabbin dans son «road movie» de lutte contre l’antisémitisme. […]
«Nous ne sommes pas là pour faire de la théologie mais pour montrer que nous pouvons vivre ensemble», précise, de son côté, l’imam Azizi.
Michel Serfaty prône une sorte de pédagogie de l’exemple, des binômes juifs et musulmans qui agissent ensemble, dans les maisons de quartier par exemple, pour montrer que le dialogue et la cohabitation sont possibles. «C’est mon quotidien», dit Michel Serfaty, à propos des insultes antisémites. Elles ne l’atteignent plus. «Cela m’a permis de me défaire de la langue de bois. Je n’ai plus de complexe à dire que, dans les brasiers, on institue la haine du juif», dit-il.
Des exemples, il en a un paquet en mémoire. «’Je prie pour toi cinq fois par jour. Je prie pour que tu te convertisses, comme cela, je ne serai pas obligé de te tuer’, c’est ce qu’est venu me dire un jeune à Saint-Denis», raconte encore le rabbin.
Libération