Aux USA, on a dépassé Staline. Celui-ci fut effleuré par l’idée de supprimer le lopin individuel, mais lui-même n’osa jamais sauter le pas, avant que pendant la grande guerre patriotique, celui-ci prit des proportions encore plus importantes.
Et cette fois, le régime ferma les yeux, trop occupé à fouetter d’autres chats, et trop heureux de la soupape de sûreté que ces jardins donnaient, car on dit qu’ils produisirent jusqu’à 75 % des pommes de terre, et ils contribuèrent notablement au climat de guerre froide.
En effet, juste après guerre, l’invasion de doryphores fut interprétée par le régime comme une tentative de guerre alimentaire à l’initiative des USA.
Ce que Staline, donc, n’osa pas faire, est en cours aux USA, dans différents endroits, le potagers est banni, détruit, illégal, harcelé, etc… (Mais c’est aussi pareil ailleurs).
Pourquoi cultiver, quand, dans sa mansuétude le gouvernement vous permet de manger de la merde pour 4.33 $ par jour, et vous accordera l’aide médicale pour soigner votre obésité.
Si le IV° amendement est invoqué pour protéger les potagers, il n’a pas un lobby aussi puissant que la NRA pour les protéger.
Pour rappel : « Le droit des citoyens d’être garantis dans leurs personne, domicile, papiers et effets, contre les perquisitions et saisies non motivées ne sera pas violé, et aucun mandat ne sera délivré, si ce n’est sur présomption sérieuse, corroborée par serment ou affirmation, ni sans qu’il décrive particulièrement le lieu à fouiller et les personnes ou les choses à saisir. »
Mais on voit bien le mécanisme de sujétion, et de bannissement de la dissidence.
Il ne faut qu’une tête, et le supermarché a remplacé la boulangerie des temps passés, mais l’émeute suivra la flambée du prix de l’alimentation. D’ailleurs, les émeutes qui ont secoués les USA depuis 40 ans, sont essentiellement des émeutes liées à la paupérisation, et à la désindustrialisation, et à la sujétion aux circuits économiques.
Envolé, donc, le rôle des potagers, y compris aux USA, durant la seconde guerre mondiale. La situation vécue en Egypte et en Tunisie n’a servi de leçon à personne : les prix flambent, et plus personne n’a les moyens d’acheter…
Les dissidents, donc, seront condamnés à 93 jours de goulag, pour avoir planté patates, salades et topinambours, dans des villes qui feraient mieux de s’occuper de leurs fesses et de leurs déficits.
C’est la preuve que si les effectifs ont été sabrés, bien trop de bureaucrates incompétents ont survécus au sabrage.
Bien entendu, le ridicule tue souvent ces initiatives répressives, souvent d’origine locale, mais prouve l’emprise du “modèle” sur les mentalités.
C’est bien la preuve, encore, d’un larbinisme totalement assumé.
Le larbinisme qui conduit à penser que la “mondialisation, c’est bien“, espèce, en voie de raréfaction, surtout chez les cadres, désormais de plus en plus pressurés, de plus en plus virés, et qui connaissent, à leur tour les joies de la recherche d’emploi, de sa durée qui s’allonge, des maladies mentales évidentes qui règnent chez les recruteurs.
Grâce à une campagne habile de notre gouvernement, et des autres gouvernements occidentaux, on va bientôt arriver au point de l’anecdote russe :
« Quel est le plus grand économiste marxiste de la Russie ?
– Egor Gaïdar, car il a réussi en deux ans ce que ni Lénine ni Staline n’avaient su faire : discréditer complètement le capitalisme dans ce pays. »
Russie sur laquelle un livre intéressant vient de paraitre : “La transition russe, vingt ans après“, et sa grande leçon : “Au niveau micro-économique, les entreprises, mais aussi des collectivités locales, ont fait preuve d’un instinct de survie grâce à un savoir-faire hérité des pratiques non officielles de l’époque soviétique“.
On peut aussi prendre en compte la citation de Tchernomyrdine : « On voulait faire pour le mieux, mais finalement on a fait comme d’habitude. »