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Le gouvernement portugais a cédé jeudi le gestionnaire d’aéroports ANA au groupe de BTP français Vinci pour 3,08 milliards d’euros, dépassant ainsi l’objectif de 5,5 milliards visé par l’ensemble du programme de privatisations négocié avec ses créanciers internationaux.

L’exécutif «a adopté une résolution qui désigne Vinci Concessions SAS vainqueur pour l’acquisition du capital d’ANA Aéroports du Portugal», a déclaré le porte-parole du gouvernement portugais, Luis Marques Guedes, à l’issue du conseil des ministres qui a duré près de neuf heures.

«La proposition qui l’a emporté s’élève à 3,08 milliards d’euros» et était «la plus élevée financièrement» mais aussi «la plus intéressante au plan stratégique», a précisé la secrétaire d’Etat au Trésor Maria Luis Albuquerque.

L’offre de Vinci a supplanté celles du consortium emmené par le groupe allemand Fraport, celui de l’argentin Corporacion América et celui du gestionnaire de l’aéroport de Zurich.

Vinci a aussitôt réagi saluant l’acquisition comme «un atout majeur» pour sa stratégie grâce à la «plaque-tournante» que représente l’aéroport de Lisbonne.

Désormais concessionnaire unique pour 50 ans des dix aéroports du Portugal, le groupe français était déjà présent dans le pays avec une participation de 37% dans Lusoponte, le gestionnaire du pont Vasco de Gama qui enjambe le Tage à Lisbonne. D’une longueur de 17 km c’est l’un des plus grands d’Europe.

En échange d’une aide financière de l’Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI), Lisbonne s’est engagé en mai 2011 à mettre en oeuvre un vaste plan de rigueur et de réformes sur trois ans, qui prévoyait la cession de quelque 5,5 milliards d’euros d’actifs publics.

«Nous en sommes désormais à 6,4 milliards», s’est félicité Mme Albuquerque, jugeant que cette opération démontrait la capacité du Portugal à «obtenir des recettes importantes et supérieures aux attentes».

Contrairement à la Grèce, qui a dû reporter et revoir à la baisse son programme de privatisations, le Portugal enregistre déjà plusieurs succès dans ce domaine.

La cession de 95% du capital d’ANA, car les 5% restants seront vendus aux employés, intervient après la vente de participations dans les groupes électriciens EDP et REN à des investisseurs chinois et omanais, qui ont rapporté 3,3 milliards d’euros aux caisses de l’Etat portugais.

Cependant, le gouvernement a essuyé son premier échec la semaine dernière en refusant l’offre du seul candidat en lice pour le rachat de la compagnie aérienne TAP Portugal, le groupe sud-américain Synergy qui détient la compagnie colombienne Avianca.

Synergy était prêt à couvrir le passif de la TAP, estimé à 1,5 milliard d’euros, et à verser 35 millions d’euros à l’Etat portugais, mais n’a pas fourni les garanties bancaires nécessaires à la conclusion de l’opération.

Le Premier ministre portugais, Pedro Passos Coelho, a annoncé son intention de relancer la privatisation de TAP, le premier client d’ANA, «dès qu’il sera opportun».

Le programme de privatisations prévoit en outre la vente des chantiers navals de Viana do Castelo (nord-ouest), de la poste (CTT), des branches santé et assurance de la banque publique Caixa geral de depositos (CGD) et de la filiale pour le fret des chemins de fer portugais (CP Carga).

Le gouvernement de centre-droit souhaite également privatiser l’audiovisuel public mais n’a toujours pas précisé ses intentions concernant ce dossier très controversé en raison de l’appétit affiché par un groupe de médias à capitaux angolais.

La vente de ces actifs doit contribuer à réduire une dette publique qui a atteint 120% du PIB. Mais le gouvernement compte également sur la vente d’ANA pour respecter ses objectifs budgétaires.

Afin de ramener le déficit à 5% du PIB cette année, l’exécutif a signé un contrat de concession avec ANA pour un montant de 1,2 milliard d’euros, dont la moitié a été enregistrée dans les comptes publics de 2012.

Cependant, cette opération doit recevoir l’aval de l’office statistique européen Eurostat, sans lequel l’objectif budgétaire ne pourra être atteint, a prévenu Bruxelles dans un rapport publié vendredi dernier.

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