Le phénomène général de sécularisation de la société ne touche pas la communauté musulmane des Pays-Bas dont les membres les plus jeunes retournent, au contraire, vers la religion. Telle est l’une des principales conclusions d’une vaste étude, “Moslim in Nederland” (Musulman aux Pays-Bas), publiée récemment par le Bureau du plan socioculturel (SCP), un organe scientifique indépendant qui conseille les autorités publiques.
“La religion joue un rôle important dans la vie de presque tous les musulmans du pays”, relève l’étude, qui note cependant que le degré d’engagement religieux des différentes communautés et le respect de toutes les règles liées à la croyance sont assez variables. La grande majorité des 825 000 musulmans vivant dans le royaume est d’origine marocaine et turque.
Si plus de 90 % d’entre eux se définissent prioritairement comme “musulmans”, ils ne sont que 40 % à fréquenter régulièrement les 421 mosquées du pays. Un chiffre à mettre en rapport avec les 16 % de Néerlandais qui disent avoir une pratique religieuse. (…)
Les contacts entre Néerlandais de souche et citoyens d’origine étrangère n’ont, eux, pas progressé depuis vingt ans : 56 % des premiers affirment n’avoir “aucune relation” avec les seconds. Les plus jeunes fréquentent sans doute davantage les membres d’autres communautés, mais cela ne modifie pas un constat de base : 37 % des Néerlandais d’origine marocaine seulement et 28 % de ceux issus de l’immigration turque se disent attachés à leur pays d’adoption.
Parmi les Néerlandais de souche, 40 % estiment que le royaume compte “trop d’étrangers” et 80 % que les femmes d’origine étrangère jouissent de trop peu de libertés. En écho, près de la moitié des Turcs pensent que les femmes néerlandaises sont “trop libérées”…
Les grandes questions de société continuent également de diviser les deux camps : plus de 70 % des Turcs et des Marocains considèrent qu’avoir un enfant homosexuel serait, pour eux, un problème, alors que 17 % des Néerlandais seulement le pensent. Les mêmes divergences se manifestent à propos de l’euthanasie ou de l’avortement.
Le Monde