Au-delà de “l’affaire Depardieu” et de son retentissement politique, le débat sur le financement du cinéma français s’est rouvert brutalement, au point que la ministre Aurélie Filippetti est intervenue pour défendre un système “juste et vertueux.” C’est le producteur Vincent Maraval, l’un des fondateurs de la société de distribution de films Wild Bunch, qui a déclenché la tempête en publiant dans Le Monde du 29 décembre une tribune mordante sous le titre “Les acteurs français sont trop payés !.” Il y dénonce notamment le mode de financement – unique au monde – du cinéma français, qui, selon lui, “repose de plus en plus sur une économie subventionnée” et les cachets exorbitants de certaines têtes d’affiche, “riches de l’argent public.” “Dany Boon, par exemple, ce chantre de la France profonde qui vit à Los Angeles, obtient des sommes qui laissent un Gérard Depardieu sur le carreau, ratatiné. 3,5 millions d’euros pour Un plan parfait, dont les entrées ne seront pas suffisantes pour payer son salaire ! Un million pour quelques minutes dans Astérix” écrit-il.
(…) L’argumentaire de Vincent Maraval a secoué, voire choqué la profession, où les questions d’argent sont généralement taboues, alors que cinéastes et acteurs américains ne s’interdisent pas d’afficher leurs cachets. (…) D’autres, comme Serge Toubiana, directeur général de la Cinémathèque française, redoutent que “le coup de balai de Maraval” ne montre “du doigt tout le système de financement du cinéma français qui fonde son exception culturelle : l’obligation imposée aux chaînes publiques et privées de participer au financement des films.” “Comment, après un tel article, aller plaider la cause de l’exception culturelle devant la Commission de Bruxelles, toujours prompte à rabattre le cinéma sur une économie libérale dépourvue de tout système de protection et d’incitation ?” écrit-il sur son blog.
Dany Boon, recordman du nombre d’entrées pour un film français avec Bienvenue chez les Ch’tis (2008, plus de 20 millions d’entrées), se dit “attristé” par les propos de Vincent Maraval, qui donne selon lui des chiffres “complètement faux.” Dans Le Journal du dimanche, l’acteur et réalisateur, qui s’apprête à tourner à la fin du mois son nouveau long-métrage, Supercondriaque, affirme qu’il a touché 600 000 euros pour son rôle dans Astérix et Obélix : au service de Sa Majesté (2012, 3,7 millions d’entrées). Il annonce qu’il touchera 2 millions d’euros pour Supercondriaque.
(…) Le Point