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Sur fond de nouvelles tensions avec Londres sur les Malouines, l’Argentine a loué un avion britannique pour la prochaine tournée internationale de sa présidente pour éviter que l’appareil présidentiel ne soit saisi à la demande de fonds spéculatifs.

Par Marc DAOU

La présidente argentine Cristina Kirchner a mis entre parenthèses sa guéguerre verbale contre Londres à propos de l’archipel des Malouines pour louer un avion britannique.

Et ce pour éviter que l’appareil présidentiel ne soit saisi à la demande de fonds spéculatifs qui réclament un reliquat de dettes à l’État argentin. Coût de l’opération : 880 000 dollars (671 000 euros).

Il n’en fallait pas plus pour que la presse britannique, jamais tendre avec la présidente argentine surnommée outre-Manche la “bimbo”, se gausse.
Pour le Sun, il s’agit ni plus ni moins que d’un “énorme embarras” pour Cristina Kirchner “dont le gouvernement a appelé à boycotter les entreprises britanniques”. C’est justement ce tabloïd, le quotidien le plus lu en Grande-Bretagne, qui a révélé l’affaire. Et ce alors que la présidence argentine avait conclu un contrat “ultra-secret” pour la location de l’appareil avec l’entreprise britannique Chapman Freeborn.
Buenos Aires s’explique
Forcé à réagir, Buenos Aires a reconnu les faits et fait montre de transparence.
“Une tentative de saisie à travers des recours en justice était hautement probable”
, a déclaré dans un communiqué le secrétaire général de la présidence, Oscar Parrilli.
Une prudence qui s’explique par la mésaventure du navire-école de l’Argentine, le trois-mâts “Libertad”, qui a été retenu au Ghana, du 2 octobre au 19 décembre dernier, à la suite d’une décision de la justice ghanéenne, saisie par un fonds spéculatif international.
Fort de cette expérience, le ministère argentin des Affaires étrangères a donc “déconseillé l’utilisation de l’avion présidentiel T-01 pour ce déplacement [une tournée qui mènera entre le 10 et le 19 janvier Cristina Kirchner à Cuba, aux Émirats arabes unis, en Indonésie et au Vietnam, NDLR]
en raison de l’attitude agressive des fonds vautours vis-à-vis de l’Argentine”,
a-t-il ajouté. Prendre l’appareil présidentiel aurait coûté 730 000 dollars (556 000 euros), soit 20 % de moins, a encore souligné la présidence argentine, qui explique avoir opté pour l’entreprise britannique “car son offre était plus intéressante du point de vue opérationnel, économique et financier”.
Timing malheureux
Ironie du sort, cette polémique intervient au mauvais moment pour la présidente argentine qui a récemment publié dans deux journaux britanniques une lettre ouverte au Premier ministre David Cameron, contestant une nouvelle fois l’appartenance au Royaume-Uni de l’archipel des Malouines et réclamant l’ouverture de négociations sur sa souveraineté. La publication de cette missive datée du 3 janvier coïncidait avec le 180e anniversaire de la prise par les Anglais de cet archipel de l’Atlantique Sud “situé à 14 000 kilomètres de Londres […] à la suite d’une démonstration flagrante de colonialisme”, avait écrit Cristina Kirchner.
Outre la fin de non-recevoir que lui a opposé M. Cameron, le Sun, toujours lui, avait répliqué par un cinglant “Pas touche !”. Un référendum d’autodétermination doit avoir lieu les 10 et 11 mars prochains dans l’archipel, une zone potentiellement riches en ressources pétrolières. “J’espère que la présidente argentine écoutera ce référendum et reconnaîtra qu’il revient aux habitants des Falkland [appellation britannique des Malouines, NDLR] de choisir leur avenir”, a averti David Cameron.
Ces derniers mois, le ton est monté d’un cran entre les deux pays à l’occasion des commémorations du 30e anniversaire de l’affrontement militaire qui avait opposé le Royaume-Uni à l’Argentine sur la souveraineté de l’archipel, du 2 avril au 14 juin 1982. Un conflit qui s’était soldé par la mort de 649 Argentins, 255 Britanniques et trois habitants des îles.

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