Un éditeur allemand vient de jouir de l’une de ces promotions dont on se passerait volontiers. Die Kleine Hexe (La petite sorcière), l’ouvrage au centre de la polémique, écrit par Otfried Preußler, a été épuré des plusieurs termes considérés comme offensants. Qu’on lui demande de restaurer dans les meilleurs délais. Du « politiquement incorrect » passé au bistouri… surtout pour un éditeur spécialisé dans les oeuvres jeunesse…
Originellement paru en 1957, le livre de la petite sorcière est un best-seller classique de l’Allemagne, mais l’éditeur Thienemann Verlag a décidé, dans un effort de modernisation, de supprimer certains mots ou expressions qui seraient choquants pour un jeune public. Ainsi, le mot « nègre » a disparu de tout le livre, ou encore le verbe wischen, qui dans son acception moderne, désigne le fait de se masturber. Horribile auditu !
La nouvelle édition n’a donc pas fini de faire rugir les Allemands, qui reprochent à l’éditeur une certaine pudibonderie et une politique de censure excessive, voire tout simplement, injustifiable.
Les livres d’Otfried Preußler ont été traduits en 55 langues et plus de 50 millions d’exemplaires ont été vendus dans le monde entier. Or, près de 50.000 exemplaires de cette histoire de sorcière sont annuellement vendus en Allemagne, mais l’arrivée de cette nouvelle édition, prévue pour le mois de juillet, n’est pas du goût de tous.
« Ce ne sont pas seulement les termes politiquement incorrects comme ‘nègres’ mais aussi des mots que les enfants ne comprennent plus », assure Klaus Willenberg, directeur de Thienemann Verlag. Mais rien, n’y fait : même les journaux allemands conservateurs déplorent que l’édition brise l’intégrité artistique de l’oeuvre, et souligne qu’il ne revient pas aux éditeurs de se soucier de censurer les ouvrages jeunesse.
Le mot qui commence par n-
Un courrier des lecteurs inhabituel est parvenu à la maison, considérant comme inadmissible d’opérer une telle coupure dans l’oeuvre originelle, alors que l’éditeur ne cesse de se défendre.
« Personne n’a jamais accusé Otfried Preußler de racisme… Ses mots, à l’époque où il les a utilisés, étaient neutres. Mais ils ne le sont plus. » Et de garantir qu’il n’a pas effectué ces modifications à la légère : elles sont intervenues par nécessité, pour moderniser et ne pas reproduire des termes qui n’ont plus le même sens de nos jours. (…)
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