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[extraits] « Rachid taxi », de la Marche des Beurs à 2012, la même rage pour l’égalité
Sous son apparence de nounours, Rachid Amghar est du genre énervé. (…)
Depuis qu’il a saisi que les politiques ne comprenaient que le rapport de forces, il s’est engagé. Et prend la parole au nom des habitants des banlieues dés qu’il le peut. (…)
Rachid a beaucoup « zoné » avant de s’acheter son taxi. Il a raté le bac, recommencé puis abandonné, enchaîné les petits boulots, connu « la galère de la cité » avant de se ranger. Il raconte qu’il a commencé à « s’éveiller » lors de la première marche pour l’égalité en 1983. (…)
A l’origine de la marche, il y a les événements dans la ZUP des Minguettes, à Vénissieux (Rhône) sur fond de bavure policière. Une émeute dans une France où les crimes racistes se multiplient et où les jeunes issus de l’immigration se sentent niés.

Une émeute dans une France où les crimes racistes se multiplient et où les jeunes issus de l’immigration se sentent niés.

Rachid, 18 ans, est impressionné par ces rangs serrés qui brandissent les portraits de jeunes « assassinés par la police ».
L’année suivante, c’est la deuxième marche, Convergences 84 qui réclamait du « mélange » pour faire avancer la France. Rachid prend conscience que ce pays est le sien.

Rachid prend conscience que ce pays est le sien.

Depuis tout petit, il entendait son père, ouvrier à l’usine, lui dire qu’ils allaient « retourner au pays » dans la maison qu’il faisait construire et lui ne comprenait pas comment la Kabylie villageoise pouvait être son avenir. «
La première fois que j’ai été voter pour les élections législatives de 1986, mon père m’a dit ” tu te prends pour un Français ? ” je lui ai répondu scié : “Mais je suis français, bâbâ !” ».

Mon père m’a dit ” tu te prends pour un Français ? ” je lui ai répondu : “Mais je suis français, bâbâ !” ».

Il sait pourtant qu’il ne l’est pas aux yeux de beaucoup et ça le fait encore enrager : « on veut nous mettre à l’écart et on invente toutes sortes de mots pour faire la différence : beur, rebeu, aujourd’hui Français musulman. On nous laissera jamais tranquille », assure-t-il. « Il n’y a pas d’Arabes en France mais des Français qui ont des accents différents », martèle encore ce père de deux enfants. C’est cette différence sans cesse renvoyée à la figure qui fait de lui un partisan acharné de l’égalité – « l’égalité réelle », précise-t-il aussitôt. Celles des droits et du « mieux vivre ensemble » dans ces quartiers populaires où on manque de tout.

Il garde son credo : « ici, on est chez nous »

Il garde son credo : « ici, on est chez nous ». Et le refera entendre, à l’automne, à l’occasion du 30e anniversaire de la marche pour l’égalité.
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