Tribune de Vassilis Alexakis, Antonio Lobo Antunes, Claudio Magris, Salman Rushdie, Fernando Savater, écrivains et Bernard-Henri Lévy, philosophe et membre du conseil de surveillance du Monde sur l’avenir de l’Europe.
Comme il est loin le temps où, dans les rues de France, en solidarité avec un étudiant insulté par un chef de parti à la mémoire aussi courte, lui aussi, que ses idées, on scandait «nous sommes tous des juifs allemands !».
L’Europe n’est pas en crise, elle est en train de mourir. Pas l’Europe comme territoire, naturellement. Mais l’Europe comme idée. […] Elle se délite à Athènes, l’un de ses berceaux, dans l’indifférence et le cynisme des nations soeurs […].Elle se délite à Rome, son autre berceau, son autre socle, la deuxième matrice (la troisième étant l’esprit de Jérusalem) de sa morale et de ses savoirs […].
Ou bien l’Europe fait un pas de plus, mais décisif, dans la voie de l’intégration politique, ou bien elle sort de l’Histoire et sombre dans le chaos.
Elle se délite partout, d’ouest en est, du sud au nord, avec la montée de ces populismes, de ces chauvinismes, de ces idéologies d’exclusion et de haine que l’Europe avait précisément pour mission de marginaliser, de refroidir, et qui relèvent honteusement la tête. […].
Le Monde