Le 30 janvier, des délinquants se sont violemment attaqués aux ouvriers travaillant sur les chantiers d’embellissement de l’espace public dans ce quartier de Saint-Denis.
Les chantiers pour embellir l’espace public de la cité Franc-Moisin de Saint-Denis ne sont pas du goût des délinquants. Mercredi 30 janvier, deux épisodes violents ont montré une nouvelle fois qu’ils exècrent la requalification urbaine et n’hésitent pas à se montrer violents pour la freiner.
En fin de matinée, alors qu’il était assis sur son tractopelle, un ouvrier de la société ISS s’est fait menacer à l’arme blanche par deux individus qui lui ont demandé de descendre de l’engin de chantier, au moment même où à l’aide d’essence ils tentaient de l’incendier. Il a déposé plainte au commissariat où les policiers ont pu constater qu’il n’a pas été blessé.
Ses collègues sont parvenus à circonscrire les flammes en jetant du sable sur le feu et leur intervention a permis d’éviter le pire : « La tentative s’est produite à quelques mètres du centre de santé. Si l’incendie avait pris, nous aurions pu assister à quelque chose de très grave », souligne l’adjointe au maire Fabienne Soulas, en charge du quartier, venue immédiatement sur les lieux pour témoigner sa solidarité aux équipes.
Environ une heure plus tard, alors que les forces de l’ordre nationales et municipales étaient proches, un autre incident s’est produit à quelques encablures de là. À proximité de la rue de Lorraine, quatre individus s’en sont pris à des jardiniers en train de tailler les arbustes.
Soupçonnés de travailler à la demande de la police, les jardiniers menacés par des couteaux ont dû interrompre leurs travaux de taille en entendant cet avertissement : « Si vous ne vous barrez pas, on vous saigne ». Cet acte violent a également fait l’objet d’une plainte. La société ISS qui procède à l’entretien du site depuis une dizaine d’années a suspendu momentanément son activité dans l’attente de solutions durables pour ses salariés psychologiquement choqués.
Celles-ci seront examinées lors d’une cellule d’urgence demandée par la mairie et convoquée par le préfet le 14 février. D’ici là, les agresseurs auront peut être été interpellés. La veille du 30 janvier, comme une mise en garde, des groupes de jeunes avaient renversé les barrières délimitant le chantier et l’entreprise de sécurité privée avait dû renforcer son dispositif.
Dans le quartier, tous les avis, recueillis sous couvert d’anonymat, convergent pour relier ces agissements au trafic. « Dès qu’ils ont rasé les buttes de la place Rouge, les dealers n’ont pas aimé. Quand tu aplanis, tu supprimes les lieux invisibles où tu peux te cacher », explique-t-on. « C’est comme si on se mettait devant l’entrée d’un commerce et qu’on gênait l’entrée des clients », explique un technicien qui rappelle que déjà en septembre 2012 des voitures et des engins liés au chantier avaient été incendiés.
Et c’est vrai que Franc-Moisin n’est pas ménagé malgré les travaux qui améliorent son cadre de vie. La cité a vécu l’incendie criminel de sa supérette en 2010, le traumatisme des agressions répétées de ses libraires contraints à la vente et au départ en 2011, l’attaque à la pelleteuse du distributeur de billets de la Poste qui a abouti à la fermeture temporaire des bureaux en 2012. Ses habitants aspirent à la paix, au plaisir de se retrouver pour profiter d’un espace public revu et corrigé. Il y a urgence.
JSD