C’est une première en France : une centaine d’imams, réunis sous l’égide d’Hassen Chalghoumi, le célèbre imam de Drancy, vont se recueillir, ce lundi soir au mémorial de la Shoah établi dans cette ville de la banlieue parisienne. Co-organisateur de cet événement, l’écrivain d’origine juive polonais, Marek Halter, en explique l’enjeu: la Shoah demeure un sujet de controverse entre juifs et musulmans. Plusieurs personnalités religieuses de haut rangs sont attendues. Manuel Valls, ministre de l’Intérieur est annoncé.
Pourquoi réunir au mémorial de la Shoah de Drancy une centaine d’imams ?
Marek HALTER. –C’est une première pour la France. Déjà, en novembre dernier nous avions visité, Yad Vashem, le mémorial de la Shoah de Jérusalem avec 16 imans musulmans venus de France. Là, ils avaient pu prier devant la flamme qui rappelle l’extermination de six millions de juifs. Cela ne s’était jamais fait et cela a eu un impact énorme dans le monde arabe et en Israël. À Drancy, l’enjeu est le même. Alors que les tensions montent de partout, il faut que les gens comprennent qu’ils peuvent se parler et qu’ils n’ont pas besoin de s’entretuer.
D’autant que nous sommes dans une crise et que les tensions s’expriment souvent par la violence. Il s’agit donc d’apaiser les tensions au sein de la société française. C’est une bombe à retardement: beaucoup de mes amis intellectuels se préoccupent du monde entier mais ils oublient que nous avons nos propres problèmes! Cette initiative est donc d’abord pour la France. Ensuite, par ricochet, cela peut servir au Proche-Orient. Quand les Israéliens et les Palestiniens verront les images de cette centaine d’imams rendant hommage à la mémoire juive et ces juifs rendant hommage aux musulmans et à leur religion, personne ne restera indifférent. Et tout cela peut contribuer à l’apaisement.
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Complément vidéo : extrait de LCP du 24 janvier 2013 (vidéo complète ici)
« L’islam en France… ? Sartre disait très bien : “Il n’y a pas de problème noir, il y a le problème blanc”. De même, il n’y a pas le problème des arabes, il y a le problème des autres. Ce sont les autres qui se posent des problèmes, les islamophobes, bien sûr !” ». Marek Halter