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(…) La nuit tombe rapidement sur Pointe-à-Pitre. Je me retrouve en face de la Tour Faidherbe. Au quinzième étage de cet immeuble désuet, on trouve les locaux de «Radyo Tanbou», une radio locale indépendantiste. Après avoir grimpé les quinze étages de l’immeuble sans ascenseur, je me retrouve en grande conversation avec Alphonse Rancel et Roger Mancliêre, animateurs de la radio qui n’émet qu’en créole.
En marge du sujet à l’origine de notre entrevue, on évoque la Guinée de Sékou Touré, les Duvalier (père et fils) en Haïti, le discours de François Hollande aux élus d’Outre-mer mi-novembre, ou encore une bonne partie des maux, qui selon eux, gangrènent leur île. Roger se considère comme Africain et souhaite y aller pour retrouver ses ancêtres et, surtout, pour «se retrouver». Selon lui, une partie des Guadeloupéens sont perdus et n’ont pas de repères.

«Les Africains qui vivent en Guadeloupe sont invisibles aux yeux de la population locale», note-il. Alphonse renchérit: «80% des Guadeloupéens ne connaissent pas l’Africain qui travaille en Guadeloupe. Il ne le voit pas. Or, beaucoup il existe ici beaucoup d’associations de communautés béninoises ; camerounaises, sénégalaises, maliennes, guinéennes ou encore ivoiriennes. Ces Africains travaillent, pour la plupart, dans les domaines de la santé, de la justice ou alors dans entrepreneuriat. Mais pour le Guadeloupéen moyen, un Africain est forcément un marabout».

Alphonse met en avant un problème d’éducation.
«Quand j’étais jeune, on nous as appris que tout le mal de la terre venait d’Afrique. La perception qu’ils ont des Africains est la même qu’ils ont des Haïtiens ou des Dominicains. On nous a tellement raconté que nous sommes supérieurs et qu’ils sont inférieurs. Vous trouverez des Guadeloupéens vous dire que c’est grâce à l’esclavage qu’ils ont la peau claire ou que nous ne venons pas d’Afrique», déplore-t-il. (…)
Slate Afrique

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