En grande difficulté financière, la poste américaine espère économiser 2 milliards de dollars par an.
Par Caroline Piquet
Plus de lettres, ni de journaux pour les Américains le samedi matin.
À partir du mois d’août 2013, l’US Postal Service, le service fédéral de distribution du courrier aux Etats-Unis, distribuera désormais le courrier du lundi au vendredi, afin de réduire ses dépenses.
La mesure devrait permettre d’économiser deux milliards de dollars par an, selon Patrick Donahoe, directeur de l’agence.
En revanche, cette mesure ne concerne pas la livraison des colis, dopée par la bonne santé du e-commerce. «La forte croissance de nos livraisons de colis (14% en volume depuis 2010) devrait se poursuivre au cours de la prochaine décennie, ce qui nous encourage à maintenir ce service six jours sur sept», indique un communiqué. L’ouverture des bureaux de poste restera également inchangée le samedi.
Une mesure nécessaire
Si la nouvelle risque de faire grincer les dents dans les foyers américains, habitués à lire la presse le week-end, cette mesure semble incontournable. En témoignent les derniers chiffres que la poste américaine a publiés vendredi:
une perte de 1,3 milliards de dollars (970 millions d’euros) sur la période d’octobre à décembre 2012. Victime de l’essor du courrier en ligne, plombé par ses dépenses de retraite, le service postal a accusé une perte de 16 milliards de dollars (12 milliards d’euros) lors de l’exercice fiscal 2011/2012.
De plus, l’institution vieille de 237 ans a atteint son plafond d’emprunt l’an dernier et a fait défaut à deux reprises sur des versements qu’elle devait effectuer au gouvernement fédéral.
Dès lors, «le service postal a la responsabilité de prendre les mesures nécessaires pour retrouver de la stabilité financière à long terme et faire en sorte que la poste américaine reste abordable», a déclaré le directeur général de l’entreprise dans le communiqué. Il y a 10 ans, la poste américaine distribuait 50 milliards de lettres alors qu’elle s’attend à en poster 21 milliards en 2013, a-t-il aussi rappelé au Wall Street Journal .
Cette décision n’est en fait qu’une mesure de plus dans son plan de restructuration plus global lancé en 2006.
La poste américaine a déjà supprimé quelque 193.000 emplois, soit 28% de son personnel, et fermé 200 bureaux de poste depuis 2006,
ce qui lui a permis d’économiser environ 15 milliards de dollars par an.
Un possible bras de fer avec le Congrés
Mais rien n’est gagné. Pour que ce changement soit effectif, la poste américaine devra obtenir l’approbation du Congrès, qui s’était déjà opposé à cette mesure par le passé. Le député et démocrate Gerry Connolly s’est d’ailleurs montré hostile à cette mesure, indiquant sur Twitter que le directeur général de la poste «n’avait pas le pouvoir constitutionnel d’éliminer la livraison le samedi» et a demandé au service postal d’en fournir une justification juridique. Sur le réseau social, le sénateur Tom Carper s’est dit également «déçu» et presse le Congrès d’agir «le plus vite possible».