La socialiste Naïma Charaï, qui préside l’Agence pour la cohésion sociale et l’égalité des chances (Acsé), la plus importante agence de l’État pour aider les banlieues, s’inquiète d’une réforme en préparation. Elle dispose d’un budget de 376 millions d’euros, emploie 119 collaborateurs au siège, et 1 000 agents de l’État lui apportent un appui à travers la France. Elle avait été créée après la révolte sociale des banlieues de 2005.
Je suis enfin alertée sur la question de la laïcité, par exemple lorsqu’un préfet m’indique que des fillettes de 7 ou 8 ans portent parfois le voile, que des enfants boycottent la cantine parce qu’elle n’est pas halal. Ce sont des choses que l’on ne voyait pas il y a vingt ans.
Quelques mois après votre nomination, quel constat faites-vous sur la situation des banlieues ?
Je suis abasourdie par ce que je vois en banlieue. Cette très grande précarité est inquiétante, avec plus de 20 % des habitants au chômage dans beaucoup de quartiers, et dans certains endroits 40 % d’une classe d’âge sans emploi, et de nombreuses familles monoparentales. C’est une population qui se désespère, pour laquelle la fin du mois est au 15 et qui ne cesse de s’enfoncer dans la précarité. Mais je suis aussi paradoxalement très surprise de la vitalité dans ces quartiers, des nombreuses initiatives, des talents qui existent.
Si la situation dans les banlieues est effectivement inquiétante, il faut bien comprendre que le travail de l’agence a justement permis, très probablement, d’éviter l’explosion sociale que l’on pouvait craindre.
La refonte de la politique de la ville n’est-elle pas nécessaire ?
J’ai été nommée par le président de la République avec une mission et des objectifs qui ont été définis pendant la campagne. Il y a rappelé que l’âme de la France, c’est l’égalité. […] L’Acsé est pourtant la seule agence à l’image des quartiers, colorée et diverse. […]
Sud Ouest (Merci à Shaka)