Recalé : le plan gouvernemental de développement durable de l’apiculture annoncé vendredi 8 février n’a pas l’heur de satisfaire les premiers intéressés. L’Union nationale de l’apiculture française (UNAF), le syndicat des professionnels du secteur, a rendu publique lors d’une conférence de presse mardi, la lettre qu’elle vient d’adresser au ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, à ce sujet. “Attentisme”, “faiblesse”, “contradiction” rendent “l’action des pouvoirs publics incohérente et illisible”, écrivent-ils.
En annonçant des mesures pour développer la filière apicole, en voulant notamment aider des jeunes à débuter pour aboutir à l’installation d’un million de colonies d’abeilles supplémentaires, mais sans pour autant prendre la moindre initiative sur le front des pesticides nuisibles aux abeilles, la position française apparaît aux professionnels comme “un signal désastreux”.
La Commission européenne a proposé, fin janvier, un moratoire de deux ans sur trois insecticides de la famille des néonicotinoïdes destinés au maïs, au colza, au tournesol et au coton, en raison de la menace qu’ils représentent pour les butineuses. Bruxelles doit dire d’ici la fin février si cette proposition a ou non été acceptée par les Etats membres.
Stéphane Le Foll argue qu’il attend la décision de Bruxelles, mais l’absence d’interdiction immédiate par la France des pesticides est vue comme “une concession inexplicable faite à l’agrochimie”, écrit le président de l’organisation syndicale, Olivier Belval.
Au-delà du moratoire européen, l’UNAF appelle à une interdiction totale de ces substances extrêmement répandues dans l’agriculture et jusqu’en agroforesterie. Les néonicotinoïdes sont accusés de faire perdre aux abeilles la capacité de retrouver le chemin de leurs ruches. Depuis leur arrivée sur le marché dans le milieu des années 1990, les colonies connaissent un déclin catastrophique. La production française de miel est passée de 32 000 tonnes en 1995 à 20 000 tonnes aujourd’hui.
L’UNAF, qui collectionne les recours en justice contre les fabricants de ce type de pesticides – contre Bayer et Syngenta en particulier –, met en avant les exemples de l’Italie, de l’Autriche et de la Slovénie qui ont pris une avance dans l’éviction de ces insecticides sans perte de rendement, tandis que la France est à la traîne.
Bernard Fau, l’avocat de l’UNAF, fait remarquer que les industriels ne risquent pas de sérieuses poursuites judiciaires, même quand ils fournissent des résultats faussés de tests de dangerosité vis-à-vis des butineuses pour obtenir des autorisations de mise sur le marché. La justice reste démunie face à ces affaires.