Extraits d’un article de Selim Rauer expliquant ce qu’est la «laïcité et l’islamophobie en France aujourd’hui» sur le site de Bernard-Henri Lévy, La Règle du jeu.
Certains français dits de souche ou «d’origine», pensent-ils au fond d’eux-mêmes appartenir à la même humanité que ces dits étrangers ?
Dans l’un de ses discours datant de l’année 1906 consacré à l’émancipation laïque, Jean Jaurès rappelle que la laïcité en France est sensée unir un peuple au-delà de toute confession et querelle idéologique, y compris d’appareil politique. En affranchissant une société de toute idéologie religieuse, c’est-à-dire de toute une déclinaison ou de tout un codex moral et social prétendument ancré dans une révélation transcendantale, les députés de la IIIe République française avaient aussi voulu exclure toute instrumentalisation possible du religieux par le politique. […]
Le simple fait de penser en opposant majorité et minorités, n’exprime-t-il pas un malaise profond dans notre société, alors même que toute société est par définition l’expression du cumul des minorités et individualités qui la constituent, sur la base d’un contrat social commun que nous respectons ?
La laïcité est une chose extrêmement simple. Il s’agit de la séparation de l’église et de l’Etat. Il ne s’agit pas de la division d’une nation entre bons et mauvais français. Il ne s’agit pas de dénoncer une personne qui souhaite pratiquer de façon plus ou moins ostentatoire sa religion, ou de légiférer sur le port du voile (hijab), lorsque ce dernier est librement porté par une personne. Ceci serait une entrave aux libertés individuelles. On ne légifère pas sur des tenues vestimentaires. […] Que penser des invectives de certains, tel que M. Copé, lorsque ces derniers parlent de l’enfant musulman qui vole le pain au chocolat de l’enfant blanc, chrétien, qui dans l’imaginaire hexagonal moyen incarne ce que l’on pourrait vulgairement nommer le bon petit français. Le bon petit blanc face au vilain bougnoule ? […] Les pays anglo-saxons prônant un autre modèle, multi-culturaliste et pluriethnique, ne connaissent pas comme nous ces débats sur le port du voile, sur l’identité nationale, ou encore ces campagnes médiatiques au sujet du problème que représenteraient les musulmans et l’Islam qui est pourtant la deuxième religion du pays. […] D’aucuns pensent qu’il conviendrait à ces «immigrés» de s’assimiler à nos valeurs. Ils se trompent. […] Cette richesse culturelle est une force, elle n’est pas une faiblesse […] La Règle du jeu