Débat sur Atlantico entre Laurent Obertone, journaliste diplômé de l’Ecole de Lille, et Christophe Soullez, criminologue. Délinquance, violence gratuite et incivilités : existe-t-il en France des groupes sociaux totalement déconnectés de la norme commune ?
L’exclusion, elle est là : tout le monde se sauve. La société française est expropriée de certains de ses territoires.
Laurent Obertone : Plus que jamais. Et chaque jour la situation s’aggrave. La violence de ces quartiers pousse tout le monde à les fuir. Commerçants, professionnels de la santé, services, pouvoirs publics, etc. L’exclusion, elle est là : tout le monde se sauve. […] Dans un pays comme la France où tout est prétexte à s’indigner, on trouve parfaitement normal de faire un détour pour éviter des quartiers qui «craignent».
Christophe Soullez : Il n’existe pas pas de zones de non droit en France car les services de police sont présents sur l’ensemble du territoire et aucun quartier ne leur est interdit. Une zone de non droit c’est un territoire qui est entièrement contrôlé par des délinquants et où la police ne peut pénétrer. C’était notamment le cas au XVIIème siècle avec la Cour des Miracles en plein cœur de Paris […].
La société française est expropriée de certains de ses territoires.Tous les pays multiculturels se tribalisent. Des groupes qui ont leur morale, leurs lois, leur hiérarchie, considèrent notre société comme un groupe ennemi, un réservoir de victimes qu’on peut agresser pour se construire une notoriété au sein de son propre groupe.
La fracture morale entre «eux» et «nous» est très nette, car tuer celui d’un autre groupe, ce n’est pas grave, au contraire
Laurent Obertone : La sous-adaptation culturelle de certains individus à notre société occidentale est un angle fondamental de mon livre. Le socialisme crée des dépendances sociales sans exiger des gens qu’ils ne se plient, en retour, aux règles de la société. La sous-adaptation concerne des autochtones, mais aussi très largement des personnes issues d’une certaine immigration, nord-africaine, sahélienne, ex-yougoslave et roumaine. C’est un constat. Toutes les cultures du monde ne sont pas faites pour entrer dans le même moule sociétal surtout si on leur demande, au nom du culte de la «diversité», de conserver leurs particularités […]
Atlantico
(Merci à Nenn)