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Sites de rencontres extra-conjugales, applications pour se créer un alibi… Le mensonge est un marché florissant.

Il est 21h, le dîner en famille s’éternise, les enfants rechignent à aller se coucher. Le portable de madame sonne. “C’est ma copine Elodie, elle vient de se faire larguer, je vais aller lui remonter le moral.” Le mari compatit, Madame prend la voiture, et part rejoindre son amant. Car en lieu et place d’Elodie, le coup de fil venait… de son propre téléphone ! Grâce à une nouvelle application, on peut dorénavant programmer son portable pour s’envoyer un SMS à soi-même, ou générer un coup de fil imaginaire du patron pour aller rejoindre sa maîtresse. Une application fournie par une société qui gère plusieurs sites de rencontres extra-conjugales…

Car l’adultère, entendre par là “aller coucher ailleurs sans que son conjoint ne le sache“, est aujourd’hui un marché commercial en pleine expansion. De nouveaux entrepreneurs lorgnent sur les profits juteux que peuvent rapporter les escapades industrialisées. Des profits que certains considèrent amoraux car basés sur la tromperie et le mensonge.

Une concurrence féroce

La rencontre extra-conjugale à la dérobée, volée à un conjoint qu’on croit naïf, s’affiche pourtant en 4 par 3 dans le métro. Le site Gleeden, spécialisé dans les rencontres entre personnes non célibataires, propose sur ses affiches de croquer dans la pomme d’api du péché. Créé fin 2009, il revendique 1 million de membres dans 150 pays. Il est concurrencé depuis peu par un nouveau venu sur le marché hexagonal: Ashley Madison, site américain débarqué en France en octobre 2012.

En France, on ne saura pas combien de personnes sont concernées mais dans le monde, le site annonce compter 16 millions de membres. Noel Biderman, le patron de cette entreprise à succès, assure “qu’on ne devrait jamais divorcer sans avoir essayé d’aller voir ailleurs“. Selon lui, l’infidélité sauve bon nombre de mariages, car même si les gens s’y sentent heureux “il leur manque de l’adrénaline et bien d’autres choses qui se perdent avec le temps“. Merci de nous offrir l’excitation en cadeau, Noel.

Le mensonge a-t-il attendu Internet?

Certains sont choqués que l’adultère reçoive ainsi la bénédiction de la main invisible du marché. On peut lire sur Internet que ces services “détruisent les familles et ouvrent la porte aux maladies“. Les Français sont, selon les enquêtes, entre un tiers et les deux tiers à avouer avoir pu être infidèles et cela depuis des dizaines d’années. Peut-être même depuis des centaines d’années, mais aucune enquête n’existe pour étayer ce propos…

Rien de nouveau à cela donc. Internet facilite-t-il les rencontres ou permet-il de mieux protéger son couple? Probablement les deux, d’où une autre vague de réactions sur les forums à propos de ces sites à savoir qu’ils font “de l’argent sur des gens fragiles“.

Que l’on soit pour ou contre, effarés ou enjoués, une chose est sûre, comme pour d’autres développements technologiques, du minitel au streaming, c’est la sexualité qui motive la création d’un nouveau marché devenu admissible, celui du mensonge.

Et peut-être que le jour où le sexe aura perdu le caractère si sacré que lui a donné l’Eglise, le jour où il pourra se vivre sans tabou ou tromperie, dans ou en dehors du couple, il faudra être capable de le réinventer. Car il aura perdu ce sel qui suscite le désir: l’interdit.

L’Express

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