L’opposition mais aussi les alliés libéraux de la chancelière plaident en faveur de l’attribution de la double nationalité aux millions de Turcs qui vivent en Allemagne.
En affirmant vouloir ouvrir un nouveau chapitre dans les négociations moribondes d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, Angela Merkel, lundi à Ankara, a offert un nouvel espoir aux Turcs. Mais la chancelière allemande a aussi adressé un message à l’électorat allemand au moment où l’immigration fait irruption au cœur de la campagne pour les législatives du 22 septembre.
Pour séduire l’électorat d’origine turque, l’opposition n’hésite pas à jouer la surenchère.
Le chef du parti social-démocrate, Sigmar Gabriel, lui offre la double nationalité, affirmant que ce serait, en cas de victoire, la première mesure d’un gouvernement associant le SPD aux Verts. «Les enfants nés en Allemagne de parents turcs doivent choisir entre la nationalité turque ou allemande, déplore Sigmar Gabriel. Je comprends tous ceux qui veulent vivre durablement en Allemagne, sans pour autant renoncer à leurs racines. Nous avons enfin besoin d’un code de la nationalité moderne».
Tenue à la prudence par l’aile la plus conservatrice de son parti que la stratégie centriste de la chancelière déconcerte, Angela Merkel n’est pas prête à franchir ce pas. «Le principe visant à empêcher les nationalités multiples est l’un des fondements du droit allemand de la nationalité», affirme son porte-parole, Steffen Seibert. Merkel doit aussi composer avec ses alliés conservateur bavarois de la CSU.
«Celui qui réside dans un pays et qui souhaite s’y installer définitivement doit exprimer clairement son attachement à ce pays en adoptant sa nationalité», affirme la CSU. Et d’ajouter que la double nationalité provoquerait des «conflits de loyauté» ainsi que des difficultés pour «l’extradition des criminels». (…)