L’hebdomadaire «indépendant et engagé» Politis publie cette semaine un numéro spécial sur les minorités et l’identité (n° 1242).
Présentation :
Grand ami du peuple palestinien, Jean Genet a déclaré un jour : «Le nationalisme est la plus bête des idées, sauf pour ceux qui n’ont pas de nation. » Le romancier exprimait avec force le caractère ambigu, ou plutôt ambivalent, de l’affirmation identitaire (ici dans sa dimension nationale), entre volonté émancipatrice et péril d’un repli sur soi.
À l’heure de la globalisation, de la précarité généralisée due à la crise économique et des flux migratoires intenses, nombre d’individus semblent se raccrocher au sentiment de leur identité individuelle ou collective. Même si celle-ci est toujours une construction évolutive, jamais figée. Leur serait-elle déniée, qu’ils se sentiraient collectivement et personnellement diminués, comme l’explique le philosophe Vincent Descombes dans son récent ouvrage Les Embarras de l’identité/, à l’origine de ce dossier.
Les revendications identitaires de groupes dominés ou discriminés viennent aujourd’hui, au sein des États-nations, déranger la conception de la nation issue de la tradition française, censée regrouper des citoyens égaux mais sans caractère particulier. Et remettent en cause les politiques assimilationnistes, comme le font les Indiens d’Amérique latine.
La présence et l’affirmation identitaire de minorités au sein de nos sociétés désormais multiculturelles devraient être appréhendées comme un apport, estiment Stéphanie Laithier et Vincent Vilmain, spécialistes de l’histoire des minorités, notamment pour éviter le risque de repli sur elles-mêmes. Face aux incertitudes et aux mutations engendrées par le «village global», la question de l’identité interroge donc notre rapport au monde, à l’Autre et à nous-mêmes.
Politis