Très long article de Dante Ibrahim Matt, «afro-descendant» d’origine uruguayenne, né et ayant grandi en France, sur «l’identité noire. Il rend hommage à l’islam pour son rôle dans l’émancipation des Noirs. Quelques extraits.
La spécificité de mon expérience sur cette question là réside dans le fait que bien qu’étant Afro-descendant, je suis généralement reconnu aussi bien dans la société française que dans la société uruguayenne comme étant Blanc, car au gré des métissages de mes ancêtres, la fictive mais effective « ligne raciale » fut franchie pour l’écrasante majorité de mes contemporains. […]
Je ne serais probablement jamais discriminé quant à l’obtention d’un emploi ou d’une promotion, ni pour trouver un logement, ni au tribunal. J’ai beaucoup moins de risque d’être assassiné par la police que n’importe quel de mes frères[…].
Dès lors, il est tout bonnement impossible de savoir en quelle proportion exacte je détiens le privilège blanc.
La narration historique euro-centrée dans laquelle nous baignons inévitablement en France n’a fait que souligner l’absence de ma propre histoire dans ma conscience et dans la conscience générale : qui brille surtout par son absence de considération. […]
Cheikh Ibrahimi en Algérie évoquait le Coran et non pas Voltaire quand il déclarât le colonialisme être une entreprise satanique et profondément anti-islamique.
Ce n’est pas un hasard si ma profession de foi islamique se produisit à la jonction entre le moment de la déconstruction et de la reconstruction de mon identité. […] Le matérialisme athée n’est certainement pas neutre, ni historiquement ni culturellement : il est le produit de la modernité occidentale.
Ce n’est pas non plus grâce à la francophonie que furent organisés les premiers soulèvements d’esclaves africains au Brésil mais bien grâce à la langue de l’Islam, l’Arabe, ce que les suprématistes blancs se garderont bien de rappeler : il faut préserver le mythe des méchants arabo-musulmans qui ont fait passer l’Afrique Noire à l’Islam par le fil de l’épée. […]
L’Islam est donc partie intégrante à la fois de la culture africaine et de la culture Afro-américaine : un quart des africains déportés dans l’univers concentrationnaire d’Amérique étaient musulmans. […]
Indigènes de la République