Le 23 février dernier, le Conseil français du culte musulman (CFCM) annonçait une révision de ses statuts au cours de son assemblée générale concernant la présidence de l’institution et la question de la représentativité. Ahmet Ogras, président du Comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF), analyse ces réformes et parle de la place de l’islam turc au sein du CFCM tout en souhaitant un «islam français» .
Il faut que les pouvoirs publics, les hommes politiques et la presse acceptent mieux les musulmans. Aujourd’hui, la médiatisation du CFCM accentue aussi les clivages ethniques en insistant dessus.
Quelle doit être, selon vous, la mission du CFCM ?
Le CFCM ne doit s’occuper que du culte. Comme il n’existe pas de structure de lobbying défendant les intérêts politiques des citoyens de confession musulmane, tout le monde accuse le CFCM des problèmes des musulmans. Il faut donc créer d’urgence une autre structure qui défende ces intérêts. Commenter l’affaire Charlie Hebdo ou la burqa, ce n’est pas le but du CFCM. Si on veut avancer sur le culte, il faut qu’on ne fasse que du culte. Aujourd’hui, la communauté musulmane de France a trois instruments pour y arriver : le CFCM, la Fondation des œuvres de l’islam et l’émission télé Vivre l’islam. […]
Quelles sont les causes de l’immobilisme du CFCM ?
L’une d’elles est que la majorité des musulmans de France sont originaires de pays qui sont d’anciennes colonies. Tant que la France n’aura pas mis à plat cette période de colonisation auprès des Français d’origine maghrébine, il y aura toujours de l’ingérence de ces pays dans cette communauté car c’est leur moyen de pression et de négociation sur certains sujets. […]
Le vrai problème n’est-il pas qu’il faut envisager un islam autonome et français qui échappe aux Etats quels qu’ils soient ?
Oui, mais il faut encore une ou deux générations pour y arriver et pour digérer tout cela. […]