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Pour Etienne de Durand, directeur depuis 2006 du Centre des études de sécurité de de l’Institut français des relations internationales (IFRI), les réductions du budget de la défense atteignent le seuil où elles mettent la France en danger.

Il n’y a aucun précédent historique à une telle coupe dans le budget de la Défense si ce n’est l’armée de Vichy postérieure à la défaite de 1940.

Les dépenses de défense sont actuellement de 32 milliards pour un budget de l’Etat de 350 milliards, qui si on lui ajoute les dépenses sociales, aboutit à un total de plus de 1000 milliards. Il faut donc être d’une extrême mauvaise fois pour oser soutenir que le problème budgétaire de la France vient de la Défense. […]

Les coupes nécessaires à la réduction de budget exigée ne permettraient plus à la France des interventions comme celle au Mali. Conserver une telle armée aurait-il du sens ? Serait-elle toujours en état de défendre l’hexagone même si elle ne peut plus intervenir ailleurs ?

Non cela n’aurait plus beaucoup de sens. Nous n’aurions plus, comme beaucoup de pays d’Europe, qu’une armée d’opérette incapable de défendre son territoire. Comme nos voisins, nous deviendrions de facto dépendant d’autres pays comme les Etats-Unis et puisque tous les pays de l’UE réduisent leurs budgets de défense, nous serions incapables d’affronter une éventuelle agression majeure. Nous avons d’ailleurs pu constater avec le Mali que nous ne pouvions pas vraiment compter sur la plupart de nos voisins européens en cas de nécessité militaire. Cette décision voudrait donc dire que nous considérons qu’il n’y a aucun danger ni aujourd’hui ni demain. […]

L’économie est-elle en train d’avoir raison de notre histoire et de notre prestige militaire ?

Ce n’est pas l’économie qui est en train d’en avoir raison, c’est la politique. Nous ne résoudrons pas le problème budgétaire de la France en tapant sur le budget de la Défense et ce n’est donc pas une question économique. […]

Quels seraient les conséquences d’une telle réduction sur l’économie française ?

Le secteur de l’aéronautique et de la défense est le troisième secteur industriel du pays et il représente à lui seul 4 000 entreprises et 165 000 emplois directs. Compte tenu de l’état du BTP et de l’automobile, si nous coupons dans ce secteur, il ne nous restera rien d’autre que l’industrie pharmaceutique et l’agroalimentaire. En plus du désastre militaire, ce sera un désastre. […]

Atlantico

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