« Peu d’idées sont plus irrationnelles et plus contre-productives que le dogme multiculturaliste actuel »
Thomas Sowell (photo ci-contre) est un économiste de l’École de Chicago et un chroniqueur politique américain.[Wiki]
Parmi les nombreuses idées irrationnelles qui ont divisé les sociétés pendant des siècles à propos des groupes ethniques, peu sont aussi irrationnelles et contre-productives que le dogme actuel du multiculturalisme.
Les intellectuels qui croient aider les groupes raciaux en difficulté en définissant leurs problèmes dans le cadre rhétorique du multiculturalisme les mènent dans une impasse.
Le multiculturalisme est une solution à court terme, tentante pour les groupes en difficulté, et qui déclare simplement que toutes les cultures sont égales, ou “également valides”, de façon bien vague et hautaine.
Les emprunts à d’autres cultures – pensons aux chiffres arabes qui ont remplacé les chiffres romains – impliquent pourtant que certains aspects ne sont pas simplement différents mais meilleurs, y compris les chiffres. Certaines des cultures les plus avancées de l’histoire ont emprunté à d’autres cultures, car aucun groupe humain n’a su répondre de la meilleure manière à toutes les questions de la vie.
Cependant, les multiculturalistes voient toutes les cultures comme égales. Et ils ne voient pas pourquoi les écoles devraient insister auprès des enfants noirs pour qu’ils apprennent — par exemple—, l’anglais académique. Au lieu de cela, chaque groupe est encouragé à s’accrocher à sa propre culture, et à être fier de ses gloires passées, réelles ou imaginaires.
En d’autres termes, les membres des groupes minoritaires en difficulté éducationnelle, économique ou autre, doivent continuer de se comporter dans le futur comme ils l’ont fait par le passé. Et s’ils n’ont pas les mêmes résultats que les autres, “c’est la faute à la société. Voilà le le message de fond du multiculturalisme.
George Orwell a déclaré que certaines idées sont si bêtes que seul un intellectuel peut y croire. Le multiculturalisme fait partie de ces idées. L’intelligentsia explose de rage et s’indigne contre les “fossés” ou les “disparités” en matière d’éducation ou de niveau de vie, et dénoncent toute explication liée aux différences culturelles comme un “rejet de la faute sur la victime“.
Il est indéniable que certaines races, ou des nations entières, ont été les victimes d’autres, tout comme il est indéniable que le cancer est mortel. Mais toutes les morts ne sont pas dues au cancer [ndlr : passage obscur. En résumé pour l’auteur, tous les problèmes ne sont pas liés à des rivalités raciales] On aurait espéré que les intellectuels sauraient faire cette distinction. Or beaucoup ne la font pas.
Les intellectuels se voient comme les amis, les alliés et les défenseurs des minorités raciales. Ils les enferment en fait dans la stagnation culturelle. Et l’intelligentsia s’enorgueillit d’être dans le camp du bien contre les forces du mal, celles qui conspirent à rabaisser les minorités.
Quand ils ne peuvent apporter de preuves concrètes et tangibles pour soutenir cette théorie, cela prouve, selon eux, à quel point sont habilement masqués ces efforts insidieux destinés à rabaisser les minorités.
Pourquoi ces personnes, qui possédent de hautes facultés mentales et un talent rhétorique certain, se font-elles des nœuds au cerveau avec de tels raisonnements demeure un mystère.
Peut-être ne peuvent-ils abandonner une vision de la société si flatteuse pour eux-même, bien qu’elle nuise aux populations qu’ils prétendent aider.
Le multiculturalisme, comme le système de castes, maintient les gens dans le milieu où ils sont nés. Mais au moins le système de caste ne prétend pas se mettre au service des castes les plus basses.
Le multiculturalisme ne sert pas que l’égo des intellectuels. Il sert aussi les intérêts politiques des élus. Ils ont tout loisir de promouvoir un sentiment de victimisation, et même de paranoïa, parmi les groupes dont ils veulent les votes, en échange d’un soutien matériel et moral.
La vision multiculturelle du monde sert également les intérêts de ceux qui, dans les média, prospèrent sur le mélodrame. Tout comme prospèrent des départements entiers d’ “études ethniques” à l’université, ainsi qu’une véritable industrie de consultants en “diversité”, d’organisateurs communautaires et autres forcenés de la race.
Les plus grand perdants dans tout cela sont les minorités raciales qui se laissent entraîner dans l’impasse du ressentiment et de la colère, alors que de larges opportunités leur sont offertes. Et nous y perdons tous quand la société est divisée.
Thomas Sowell enseigne à l’Université Stanford.
Merci à notre lecteur Abakan pour la traduction (texte partiellement corrigé par Fdesouche)