[extraits] A Mzouazia, dans le sud de Mayotte, 57 enfants ont été retirés de force de leur école par des habitants du village. La cause ? Leurs parents seraient des sans-papiers, originaires des Comores.
Les tensions sont vives dans le Sud de Mayotte. La population mahoraise, excédée par des cambriolages et des violences, qu’elle estime liée à la population immigrée, est montée au créneau et a décidé de se faire justice elle-même.
Des villageois ont ainsi contraints des enfants, qui seraient nés de parents originaires des Comores, à quitter leur établissement scolaire à Mzouazia. Ils sont 57 à avoir été chassés, parfois assez violemment selon des témoins, et cela malgré leurs cris et leurs pleurs, alors que les gendarmes ne seraient pas intervenus, rapporte le site d’informations Malango.
Suite à cette expulsion, les services de l’Etat ont condamné les faits, estimant qu’il est “inacceptable que des enfants aient été pris ainsi en otage parce que d’origine étrangères”, a souligné Jean-Paul Frédéric, directeur de cabinet du préfet. “C’est une ségrégation sévère qui relève de la loi pénale”, a-t-il ajouté, précisant que “les reconduites à la frontière sont une compétence de l’Etat”.
(…) Dans un courrier qui circule actuellement sur internet, des “citoyens indignés” comme ils se présentent, attirent l’attention sur la chasse des enfants de sans-papiers à Mayotte.
“En 1940, c’était des enfants juifs que les gendarmes français du gouvernement de Vichy allaient chercher dans les écoles. A Mayotte, les sombres procédés de la France de Vichy se répètent honteusement !”, écrivent-ils.
Les “citoyens indignés” interpellent le préfet et le vice-recteur de Mayotte pour que ces derniers veillent “au respect des lois françaises” et agissent “pour que de telles exactions ne se renouvellent pas”. Ils rappellent entre autres que dans le code de l’Education nationale, il est écrit que “tout enfant peut être accueilli, à partir de l’âge de 3 ans, dans une école proche de son domicile si sa famille en fait la demande” et “aucune condition de nationalité ne doit être opposée et aucune discrimination ne doit être faite pour les enfants étrangers”.
Par ailleurs, ces “citoyens indignés” (…) estiment qu’avec “près de 35% de la population sans titre de séjour, les occupants illégaux sont chaque année un peu plus stigmatisés comme étant la source de tous les maux de l’île : l’insécurité, le manque de place à l’hôpital et à l’école…”
(…) Pour rejoindre l’île, devenue le 101e département français en 2011, des dizaines de Comoriens risquent leur vie tous les jours depuis des années. (…) La pression est telle que le rapport démographique a atteint des records : selon les chiffres de l’Insee (institut national de la statistique et des études économiques), 40% des quelque 212 000 habitants de Mayotte sont d’origine comorienne. La plupart sont en situation irrégulière. On estime par ailleurs que 25 à 40% des élèves scolarisés sont issus de familles de sans-papiers.