Article du Monde. Ajout vidéo du 3/9/09 (merci lolocas)
Depuis cinq ans, au Cheylard, en Ardèche, pas un élève du lycée n’a échoué au bac ES. Depuis trois ans, ils sont plus de 70 % à l’obtenir avec mention. En 2008, les élèves des quatre classes de terminale (S, ES, L et STI génie électrotechnique) ont réussi un 100 % au bac.
« Une petite société enracinée autour de la vie paysanne, un monde resté à l’écart de la France mondialisée et métissée, qu’aucune vague d’immigration n’a jamais atteint. Une autre planète”
Le Cheylard est à “plus de 500 virages” de la vallée du Rhône, disent ceux qui ont compté. Plus d’une heure de route tortueuse et voici un bourg industriel (3 500 habitants) niché dans les montagnes de l’Ardèche.
Une petite société bien enracinée autour de la vie paysanne et de trois grosses entreprises à capitaux familiaux ; un monde resté à l’écart de la France mondialisée et métissée ; un microcosme qu’aucune vague d’immigration n’a jamais atteint. “Une autre planète”, “une île” : ce sont les mots des professeurs du Cheylard pour décrire leurs conditions de travail.
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Ils ne parlent pas tellement de leur splendide isolement ou du décor – les fenêtres des classes donnent sur des forêts de pins et de châtaigniers – mais de ce qu’ils voient comme un particularisme bienvenu : ils consacrent 100 % de leur temps à l’enseignement. La commission de discipline du lycée ne se réunit jamais. Partout, dans le hall d’entrée, les sacs des élèves traînent par terre, apparemment en toute confiance. Les portiques de sécurité dont on parle à la télé, ça les fait donc “plutôt sourire”. “Ça paraît tellement loin…”, constate E. Lavenent, 35 ans, professeur d’anglais.
“Nous avons des élèves entre guillemets “normaux”, ajoute M.H. André-Veglio, une jeune professeur de mathématiques. “On n’a pas les soucis de la vallée du Rhône, avec l’agressivité, les violences, dit le maire, Jacques Chabal (UMP). On a beaucoup moins de problèmes de drogue, un peu de fumette, c’est tout.” “Il y a beaucoup de fumette, rectifie un habitué du coin, et aussi des violences paysannes.” Mais très rarement au lycée, situé en contrebas du centre-ville. “C’est le rêve ici, je crois que je ne partirai pas avant longtemps, lance David Méchin, 29 ans, agrégé d’histoire-géographie. On m’avait prévenu, Le Cheylard, personne ne veut y aller, et ensuite plus personne ne veut partir.” Sur les douze professeurs qui ont essuyé les plâtres à l’ouverture du lycée, en 1998, huit sont encore là, onze ans plus tard.
Ce lycée faiseur de miracles, l’éducation nationale n’en voulait pas il y a une quinzaine d’années, quand élus locaux, chefs d’entreprise et parents d’élèves ont fait campagne pour obtenir un lycée près de chez eux. Une sorte d’union sacrée s’était constituée autour du maire. Question de prestige local pour l’élu. Question pratique pour les parents d’élèves, las de voir leurs enfants s’en aller le lundi à l’aube en autocar pour ne revenir que le vendredi soir. Question d’avenir pour les entreprises, soucieuses d’attirer des cadres et de trouver sur place des employés mieux instruits, mieux formés. Pour appuyer le dossier, elles ont promis de verser au futur établissement la totalité de la taxe d’apprentissage, soit 60 000 euros par an, ce qui en fait un lycée très bien équipé.
Lire la suite – Merci à Brugloo