L’ancien ministre du budget Jérome Cahuzac a menti. Pas seulement aux députés français, mais aussi à une banque suisse, la banque Julius Baer, en fournissant un “certificat fiscal falsifié”, affirme le quotidien zurichois Tages Anzeiger, citant ses propres sources.
Dans son édition du 6 avril, le journal écrit qu’en 1992, Philippe Péninque, un ami de longue date de Jérôme Cahuzac, a ouvert pour lui sous son nom un compte à l’UBS Genève.
Quelques mois plus tard, Jérôme Cahuzac s’est rendu lui-même à Genève et le compte a été transféré à son nom.
En l’an 2000, la petite société financière Reyl & Co, établie à Genève, est entrée en piste. A l’époque elle n’avait pas de licence bancaire, mais travaillait comme une société de bourse. A ce titre, elle relevait de la surveillance de la FINMA, l’autorité suisse de surveillance des marchés financiers.
En tant qu’intermédiaire financier, Reyl & Co n’était pas soumise aux mêmes règles que les banques et ne devait pas fournir de renseignement sur les détenteurs de ses comptes. Reyl & Cie a ouvert auprès de l’UBS un compte “omnibus”, soit un compte comprenant les fonds de plusieurs clients, seulement connus par la banque, et parmi lesquels figurait Jérôme Cahuzac, dont l’argent est resté de facto à l’UBS.
En 2009, après que la Suisse s’est déclarée prête à accorder l’aide judiciaire en cas d’évasion fiscale, Jérôme Cahuzac a estimé que la situation devenait trop dangereuse à Genève et a demandé à Reyl & Co de transférer, depuis la filiale de la banque Julius Baer, les fonds sur un compte ommnibus à Singapour.
La banque Julius Baer a réagi avec prudence, écrit le journal. Elle a réclamé à Reyl & Co, bien que rien ne l’y obligeait, une formulaire appelé “formulaire A”, qui fait apparaître le nom du détenteur des fonds. Lorsque les banquiers de Julius Baer ont vu qu’il s’agissait d’un homme politique, ils ont demandé un document certifiant que les fonds avaient bien été déclarés au fisc compétent.
Selon des recherches effectuées par le Tages Anzeiger, Jérôme Cahuzac a alors “présenté un certificat fiscal falsifié”. Il a également assuré que ces 600 000 euros provenaient de son activité de chirurgien esthétique, ajoute le journal. En conséquence, Julius Baer a autorisé l’opération de transfert de fonds.