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Il est né Thierry-Emile Jeanmougin. Adopté, il est devenu Hacène Goudjili. Ce montbéliardais de 48 ans, qui a saisi le premier ministre, dénonce les conditions de son adoption et se bat pour récupérer son identité

Doit-on l’appeler Thierry Jeanmougin ou Hacène Goudjili ? (…)

« Je suis Thierry Jeanmougin, fils biologique d’Antoinette, né le 20 janvier 1965 à Montbéliard. Et ça, personne ne peut le nier. On m’a volé mon identité. Ce nom que je veux légalement retrouver car il est mien ».

Son épopée débute à une époque où être fille mère est « mal vu ». Nous sommes en 1965. « Quand je suis venu au monde, il a fallu trouver un toit au bébé. J’ai été confié à une famille à Bethoncourt ».

Avec un état civil de Pierre-Emile Jeanmougin. Émile comme son grand père. Le bébé grandit.

« À la maison », tout le monde l’appelle Hacène. À l’école, il est Thierry. « Furieusement déstabilisant. Je me souviens encore de l’annonce faite un beau matin par mon prof de sport alors que j’étais en classe de cinquième. Il nous informait de l’arrivée d’un nouvel élève.

« C’était moi le nouveau. Sous le nom de Hacène Goudjili car je venais d’être adopté par ma famille d’accueil algérienne ».

Depuis tout gosse, on me martelait que j’avais été adopté car abandonné par ma mère. Plus tard, j’ai appris qu’elle avait tenté de me récupérer peu de temps après ma naissance. Sous la pression et les menaces, elle a dû y renoncer ».

Aujourd’hui, Thierry-Hacène conteste la légalité de son adoption. « À l’époque », dit-il, « l’intérêt de l’enfant, on s’en fichait bien. J’étais casé dans une famille, je rapportais des prestations. Peu importe pour la justice française de permettre à une femme algérienne d’adopter un enfant alors que l’adoption est prohibée en Algérie ».

Le tribunal accède à la demande de la mère adoptive : l’enfant portera le double nom patronymique de Thierry Jeanmougin-Goudjili d’abord. De Goudjili tout court ensuite. Pour « favoriser son intégration dans la société », motive le juge.

« Si pour ma mère adoptive, aujourd’hui décédée et pour laquelle j’ai beaucoup de respect, j’étais son fils, pour le reste de la famille, j’étais le Français, le bâtard ».

Aussi, motive le tribunal en ces termes « parce que l’on croit savoir que le père de sang de l’adopté serait de nationalité algérienne ». Le salarié PSA rigole carrément. « Et pourquoi pas Belge ou Américain ?

« Je veux qu’on me redonne mon nom ».

Le Premier ministre vient de lui faire savoir que « l’affaire » avait été transmise à sa collègue de la Justice. Hacène va-t-il redevenir Thierry ?

Est-Républicain (extraits)

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