Fdesouche

Plus de 26 millions d’Européens sont sans emploi. L’Organisation internationale du travail avertit que les risques de troubles sociaux augmentent en même temps que le chômage de longue durée.

Honoré Daumier, La barricade, huile sur toile (1852-1858)

La situation de l’emploi s’est détériorée depuis l’introduction des politiques d’assainissement budgétaire. Au cours des six derniers mois, un million de personnes ont perdu leur emploi dans l’Union européenne (UE), a indiqué l’OIT dans un rapport publié à l’occasion de l’ouverture d’une conférence régionale européenne à Oslo.

Dix millions de personnes supplémentaires sont sans emploi en Europe par rapport au début de la crise en 2008. Le taux de chômage dans l’UE atteignait en février 10,9%, celui de l’eurozone un niveau historique de 12%. Seuls cinq pays de l’UE sur 27 (Allemagne, Autriche, Hongrie, Luxembourg et Malte) ont des taux d’emploi supérieurs aux niveaux d’avant la crise.

Les plus durement touchés

Les jeunes et les travailleurs peu qualifiés sont les plus durement touchés: le chômage des jeunes atteint 23,5% dans l’UE, avec des pics de 58% et 55% en Grèce et Espagne. Le recours au temps partiel et au travail temporaire a augmenté simultanément, conséquence de l’incertitude pour les entreprises.

Le chômage de longue durée devient un problème structurel pour beaucoup de pays européens. Dans 19 d’entre eux, plus de 40% des demandeurs d’emploi sont actuellement des chômeurs de longue durée (sans travail depuis douze mois ou plus). Le nombre de travailleurs découragés, qui ont abandonné la recherche d’un emploi, a augmenté de 29% en moyenne par an depuis 2008.

Le risque de troubles sociaux est maintenant supérieur de 12 points de pourcentage à ce qu’il était avant le déclenchement de la crise. Il est le plus élevé dans l’UE par rapport aux autres régions du monde.

Les risques de troubles sont particulièrement aigus à Chypre, en Grèce, en République tchèque, en Italie, en Espagne, au Portugal et en Slovénie, prévient l’OIT.

Causes profondes

«Si les objectifs d’équilibre budgétaire et de compétitivité sont importants, il est crucial de ne pas s’y attaquer par des mesures d’austérité et des réformes structurelles qui ne traitent pas les causes profondes de la crise», affirme l’OIT.

L’organisation prône une stratégie centrée sur l’emploi. Elle recommande de s’attaquer aux problèmes structurels qui sous-tendent la crise, essentiellement dans le secteur financier. Les petites et moyennes entreprises n’ont pas suffisamment accès au crédit bancaire pourtant indispensable pour produire et créer des emplois.

Pour l’OIT, les pressions à la baisse sur les salaires et l’emploi nuisent à l’investissement productif et au commerce intra-européen.

Il faut adopter des mesures d’urgence telles que les dispositifs de garantie d’emploi pour les jeunes.

Tribune de Genève

Fdesouche sur les réseaux sociaux