Pour Christophe Caresche, député PS de Paris, la polémique sur le port du voile traduit plus un problème identitaire français qu’un problème de communautarisme.
Une nouvelle fois, la France s’apprête à revoir sa législation sur le port du voile après l’avoir modifiée à plusieurs reprises ces dernières années. Cette inflation législative ne s’observe dans aucun autre pays, alors même que la France dispose déjà d’une des législations les plus restrictives au monde. L’universalisme français au nom duquel sont invoqués les principes républicains est de moins en moins universel et de plus en plus français ! Le débat récurrent sur le port du voile n’apparaît pas tant comme le signe d’une montée inexorable du communautarisme que comme le symptôme d’une crispation identitaire de la société française.
C’est bien l’incapacité d’une partie de la France à se penser comme une société ouverte et tolérante qui explique cette volonté obsessionnelle de rendre toujours plus invisibles les signes d’appartenance à la religion musulmane.
C’est pour cette raison qu’il faut récuser l’argument selon lequel «il ne faut pas laisser la défense de la laïcité à Marine Le Pen». Cet argument, outre qu’il légitime l’opération de captation de la notion de laïcité par l’extrême droite, ne peut conduire qu’à l’alignement sur les positions les plus radicales. La réponse au malaise identitaire que connaît notre pays ne réside pas dans un nouveau durcissement de la loi sur le port du voile. Elle passe par la réaffirmation du principe de laïcité devenu l’instrument de toutes les manipulations. La laïcité n’est pas un principe d’exclusion ou de stigmatisation. Elle est au contraire un cadre qui garantit la possibilité de vivre ensemble. […]
Des indicateurs, comme le nombre de mariages mixtes ou la plus grande tolérance des jeunes générations à l’égard de l’immigration, montrent une société plus ouverte qu’on ne le dit. C’est sur ces tendances d’avenir que la gauche doit s’appuyer et non pas sur les tendances mortifères du repli hexagonal.