Le texte co-signé par Richard Miller et des socialistes et écologistes flamands provoque un certain malaise au sein du MR notamment parce qu’il établit un parallèle entre islamophobie et antisémitisme. Le texte critique entre autres «les discours populistes et islamophobes de certains politiques». Le député Alain Destexhe du Mouvement réformateur (MR) a qualifié la résolution de «contradictoire avec la position du MR sur l’interculturalité».
De telles idées, définies ici comme islamophobes, contribuent à la discrimination et au racisme et doivent être strictement censurées et faire l’objet de poursuites judiciaires. En d’autres termes, il faut que la législation antidiscrimination accorde une attention particulière à l’islamophobie — comme elle l’a déjà fait en matière d’antisémitisme — de par son importance dans l’actualité et la gravité de la problématique.
Extrait de la proposition de résolution déposée par Bert ANCIAUX, Fauzaya TALHAOUI, Ahmed LAAOUEJ, Freya PIRYNS, Richard MILLER et Zakia KHATTABI.
La notion d’islamophobie est surtout importante pour rassembler, sous un terme générique, un certain nombre de phénomènes nouveaux et connectés relatifs à l’image négative que l’on a de l’islam. L’augmentation frappante de déclarations anti-islamiques et la formulation toujours plus rude des préjugés ont forcé à élargir le vocabulaire par une notion qui permet d’identifier le phénomène le plus correctement possible. Dans ce contexte, il convient d’établir un parallèle avec la notion d’antisémitisme, introduite pour désigner le danger lié à la violente hostilité anti-juive. Ceci étant, la notion d’«islamophobie» ne peut absolument pas servir à récuser toute critique portant sur le contenu de l’islam, mais doit décrire une forme spécifique de xénophobie, avec un accent mis sur la peur, la répugnance et parfois l’aversion envers l’inconnu ou l’étranger.
C’est pour ces raisons que Runnymede Trust ne définit pas strictement la notion d’« islamophobie », mais établit une liste de huit critères. Si plusieurs des critères suivants sont fortement présents dans les idées, les mobiles et la manière d’agir d’individus, d’organisations, d’institutions ou d’autorités, ceux-ci peuvent alors être qualifiés d’islamophobes :
1. considérer l’islam comme un bloc monolithique, fermé et statique, incapable de s’adapter à des situations nouvelles;
2. considérer l’islam comme isolé et «différent», dépourvu d’objectifs et de valeurs communs et parta-gés avec d’autres cultures, et comme une conviction qui n’est pas influencée par les autres cultures et sur lesquelles elle ne produit aucun effet;
3. considérer l’islam comme inférieur à l’Occident et à certaines valeurs qui y sont associées, bref le taxer de culte barbare, irrationnel, primitif et sexiste;
4. considérer l’islam comme violent, menaçant, partisan du terrorisme, impliqué de manière active et combative dans un «choc des civilisations»;
5. considérer l’islam comme une idéologie politique, utilisée à des fins politiques et militaires visant à instaurer son hégémonie;
6. rejeter radicalement les critiques que l’islam formule à l’égard de l’Occident;
7. faire preuve d’hostilité envers l’islam pour légitimer la discrimination et l’exclusion sociale des musulmans;
8. accepter qu’une hostilité affichée envers les musulmans est un phénomène naturel et ordinaire.