La part du gaz dans la production d’électricité est en hausse constante. Les géants des turbines, GE, Siemens et Alstom se disputent le marché.
Les centrales à gaz ont le vent en poupe aux Etats-Unis. Voilà peu, la compagnie Los Angeles Water and Power Company a annoncé qu’elle voulait sortir complètement du charbon d’ici à douze ans. Elle va vendre une de ses centrales à charbon en Arizona et convertir une autre, dans l’Utah, au gaz naturel. Les deux unités de production fournissent environ 40 % de l’électricité consommée à Los Angeles. En février, Duke Energy a indiqué qu’il allait fermer sa centrale nucléaire de Crystal River, en Floride, plutôt que de réparer une fissure dans sa structure. Il va remplacer les capacités correspondantes par des turbines au gaz.
Deux exemples qui illustrent une tendance profonde du marché américain de l’énergie : la montée en puissance des centrales au gaz, et notamment des unités à cycle combiné. Entre 2005 et 2012, la part du charbon dans la production d’électricité a chuté de plus de 50 % à 37 %, quand celle du gaz augmentait de 19 % à plus de 30 %.
Ce succès a plusieurs causes. D’abord, le boom des gaz de schiste, qui a fait chuter les prix du gaz naturel à des niveaux très bas – trois fois moins cher qu’en Europe. Par ailleurs, la réglementation sur les émissions de CO 2 et d’autres polluants va se durcir dans les années à venir, ce qui va obliger les opérateurs de centrales à charbon à de coûteux travaux de modernisation de leurs unités. Dans beaucoup de cas, l’investissement ne se justifiera pas.
Menace d’une bulle
Ce boom de la demande profite aux géants mondiaux des turbines. General Electric, bien sûr, qui est en train de convertir une centrale à charbon de Xcel Energy dans le Colorado en centrale à gaz. L’allemand Siemens, qui a ouvert une usine dans les environs de Charlotte en 2011, est évidemment aux premières loges. « L’idée que les coûts de l’énergie en Amérique du Nord allaient être toujours plus élevés n’est plus vraie. Le gaz naturel a retourné l’équation », a déclaré son patron, Peter Löscher, à Detroit en février. Le conglomérat a annoncé la semaine dernière avoir décroché un troisième contrat de livraison clefs en main d’une centrale au gaz au Texas. Une commande à 300 millions de dollars, la troisième du fonds d’investissement texan Panda Power. Le français Alstom a annoncé, le même jour, avoir remporté un contrat de maintenance à 125 millions d’euros sur la centrale de Lake Road dans le Connecticut.
Reste à voir si ce boom est durable. Un nombre croissant d’études sur les gaz de schiste concluent à la formation d’une bulle. Le rendement de certains puits chute plus vite que prévu et l’effondrement des prix complique l’équation financière de nombreuses compagnies gazières, qui se sont très lourdement endettées pour acheter des baux dans les régions les plus prometteuses.