Pour Philippe Tesson, “la France désespère et le monde rigole“. L’incurie de la majorité accentue le malaise de nos concitoyens. Attention, (grand) danger !
Par Philippe Tesson
C’est lui, François Hollande, qui, lorsque éclata le scandale Cahuzac, en relativisa la portée en le réduisant à une affaire individuelle, et c’est lui, le même François Hollande, qui aujourd’hui provoque une affaire d’État en décidant d’un train de mesures propres à “moraliser la vie publique“ qui jette le trouble dans le pays.
Ainsi fait le pompier incendiaire.
La publication dès ce soir du patrimoine des ministres et de celui des élus dans la foulée est une initiative irresponsable. Elle va largement au-delà du symbole. Son caractère précipité est un aveu d’opportunisme démagogique. Elle est décriée par les amis politiques du président eux-mêmes (Bartolone), ridiculisée par certains d’entre eux (Montebourg). Nombreux parmi les élus y voient une humiliation, voire une insulte.
Son efficacité est à juste titre réputée douteuse. Elle rejoint et justifie les discours populistes des extrémistes de droite comme de gauche. Elle flatte les instincts populaires les moins nobles. Elle introduit dans les esprits le soupçon d’une présomption de culpabilité. Elle participe d’un procédé de délation. Elle est un instrument de haine sous couvert d’une intention de vertu. Elle tire encore un peu plus la France vers le bas.
Qu’il s’occupe donc de l’essentiel !
Selon une étude Viavoice, citée samedi par Le Figaro, 50 % des jeunes Français de 18 à 24 ans souhaiteraient vivre dans un autre pays que le leur. 36 % d’entre eux seulement croient dans l’avenir de leur pays, alors que 75 % croient dans l’avenir de l’Allemagne et 67 % dans celui des États-Unis.
Ces chiffres sont les plus affligeants jamais publiés sur l’état moral de notre pays. À ce tableau dramatique, qu’opposent Hollande et les siens ?
Quelles raisons d’espérer offrent-ils à cette jeunesse-là dont il avait pourtant fait sa priorité ? Quel exemple lui donne-t-il ? Quelle décision audacieuse et positive ? Réponse : l’obligation faite aux élus d’afficher leur patrimoine ! Une compétition misérable : le concours du plus pauvre ! À quel prix ? Une semaine perdue pour concevoir cette facétie.
Combien de chômeurs de plus pendant ce temps, combien de dixièmes de point de déficit, combien de parts de marché en moins ?
Qu’il s’occupe donc de l’essentiel ! Quel aveu d’impuissance dans cette malfaisance ! La France désespère et le monde rigole. Qui donc est cet homme-là ? Quelle ligne politique est donc la sienne, quelle cohérence ?
Finalement toutes les gauches se réunissent et se résument en lui, depuis la Révolution jusqu’à nos jours, il les touille dans une grande marmite où chacun des siens retrouve un jour un résidu de son courant pour le perdre de vue le lendemain. Il est l’homme de la synthèse, le dénominateur commun, c’est-à-dire la marmelade. Il l’était déjà “en tant que premier secrétaire du Parti socialiste”. Visiblement il l’est resté en tant que “moi, président de la République”.
Or l’heure n’est plus à la synthèse. Elle est au choix. Il se dit social-démocrate. Alors qu’au moins il assume la social-démocratie ! Il n’a vraiment jamais assumé qu’en matière fiscale, et avec le talent que l’on sait ! Pour le reste, ce ne fut et ce n’est que bidon, défausse, frime, zigzag et compagnie.
Le peuple en a marre de ces simagrées, de ce bricolage, de ces feintes perpétuelles ; il va se fâcher.