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Pendant la campagne présidentielle de 2007, Nicolas Sarkozy avait lancé une violente charge contre l’héritage de Mai 68, accusant ce mouvement “d’avoir imposé le relativisme intellectuel et moral, introduit le cynisme dans la société, abaissé le niveau moral de la politique. Six ans plus tard, la droite est à l’offensive contre le mariage pour tous dans un climat très tendu. Est-elle en train de parvenir à ses fins, de gagner la bataille sur les valeurs, de liquider l’héritage ? Réponse de Daniel Cohn-Bendit, ancien leader du mouvement, aujourd’hui député écologiste au Parlement européen. (…)

Jean-Pierre Raffarin dénonçait le 17 avril un risque de “chienlit”. Est-on à la veille d’un nouveau Mai 68, ou plutôt d’un contre-Mai 68 ?

Déjà à l’époque, je trouvais ce genre d’expression ridicule. Parler de chienlit n’explique rien. Il y a dans la société française une opposition à l’élargissement du mariage qui se cristallise autour d’un noyau dur conservateur. En marge de ce mouvement, des groupes plus extrémistes essaient de radicaliser le mouvement. Je ne vois pas pourquoi il faudrait agiter tout de suite le fantasme du “printemps français”. N’oublions pas que, dans le passé, la droite a réussi de fortes mobilisations, notamment contre la réforme de l’enseignement privé en 1984. Cela n’empêche pas une majorité de Français de soutenir la réforme.

N’y a-t-il pas un durcissement de la droite ?

Si, et c’est la nouveauté. Il y a un fort durcissement de la droite dure qui est contagieux pour toute la droite. Le phénomène ne touche pas que la France. Aux Etats-Unis, la droite républicaine est prise à la gorge par le Tea Party qui tire les républicains vers un néolibéralisme conservateur anti-étatiste et anti-impôt. Aux Pays-Bas, la radicalisation se fait autour de l’immigration et de l’islam. Au Royaume-Uni, elle se cristallise sur le rejet de l’Europe. En France, elle s’opère autour de la défense de la famille traditionnelle. La droite républicaine est sous pression. Elle est tentée de retrouver une légitimité en durcissant son discours. Cela correspond à une démoralisation de la gauche. (…)

Le Monde

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