Roger Lenglet dénonce dans son dernier livre « 24 heures sous influences – Comment on nous tue jour après jour », la manière dont les groupes de pression influencent les moindres parcelles de nos existences…
«En refermant ce bouquin, soit on s’exile sur une île déserte, soit on se tire une balle…», confie un membre de la maison d’édition.
Philosophe, Roger Lenglet a passé plus de trente ans à enquêter sur les lobbys. Il raconte comment ces groupes de pression ont infiltré les moindres parcelles de nos vies, non sans danger. Morceaux choisis.
Pas de grève au travail
En trente ans, le nombre de syndiqués français a été divisé par cinq alors que le nombre de salariés dans les centrales a été multiplié par cinq. Les ressources des syndicats proviennent désormais à près de 50 % des entreprises et à 30 % des collectivités qui «achètent ainsi la paix sociale», selon Roger Lenglet. La France est aujourd’hui l’un des pays les moins syndiqués d’Europe.
Du thé aux métaux lourds
Dès le petit déj’, les lobbys sont présents. Dans les sachets de thé que les industriels gonflent souvent de mauvaises herbes. Et dans le thé lui-même qui a la propriété de capter les métaux lourds tels que le plomb, le cadmium ou le mercure. Dès 1995, un rapport de la direction générale de la Santé dénonçait cette situation. Depuis, il dort toujours au fond d’un tiroir.
Mauvaises ondes en soirée
Wifi, smartphone, télévision… En finançant, eux-mêmes, des études, les grands opérateurs ont entretenu le doute sur les conséquences néfastes des ondes depuis 15 ans. En 2010, l’Agence de sécurité sanitaire (Afsset) reconnaissait que «l’hypothèse de l’implication des [ondes] dans les pathologies neurodégénératives ne pouvait être écartée.»
Le sommeil du juste ?
Soutenu par celui de la chimie, le lobby de la literie a tout fait pour éviter d’avoir à rendre des comptes sur les étiquettes des matelas. Mais il y aurait en fait, dans la mousse, plus d’une cinquantaine de produits toxiques, responsables, entre autres, de favoriser la maladie d’Alzheimer.
Des groupes d’intêrets, de pression diront certains, qui, avec force moyens en tous genre, savent faire valoir leur cause auprès de nos gouvernants. Argent, chantage à l’emploi, retour d’ascenseur, en en passant de plus pervers (livraison clé en main de projets de loi), tous les moyens sont bons.
Pour l’auteur, “les lobbies qui agissent jusqu’au cœur du pouvoir pour défendre leurs intérêts particuliers sont si nombreux” qu’une encyclopédie n’y suffirait pas et cela sans même parler des think tanks qu’il créent et financent pour créer des « consensus » et orienter les idées en faveur de leurs intérêts.
Bref, un livre qui fait relativement froid dans le dos, démontrant que non seulement tout ce que nous consommons est sous l’influence du bon vouloir de quelques groupes influents, mais, et c’est peut être là le pire, ce que nous (croyons) penser aussi. Un ouvrage qui aide à penser, ou tout du moins à appréhender, notre monde en toute indépendance.