Tribune de Sylvain Bourmeau dans Libération
Imaginerait-on devoir parler de noirophobie ou de femmophobie plutôt que de racisme ou de sexisme ?
Homophobie est un mot gentil. Trop gentil. Pas le plus approprié pour désigner des discours et des comportements discriminatoires envers les homosexuels, l’irrationnelle phobie ainsi soulignée venant presque les expliquer, si ce n’est les justifier, au nom d’une supposée pathologie.
Il nous manque donc un mot plus juste, c’est-à-dire plus sévère, pour qualifier ce que, depuis quelques mois, nous entendons plus fort qu’auparavant, de façon décomplexée comme aime désormais à se qualifier une certaine droite : ce flot de paroles souvent anodines et parfois hargneuses, ces actes souvent négligeables mais parfois violents, libérés, déverrouillés par l’attitude complaisante de quelques (ir)responsables politiques. Car la peur qui nous inquiète, c’est plutôt celle qu’éprouvent au quotidien nombre de gays et lesbiennes qui se sentent à raison en insécurité. […]
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Complément 1: Sylvain Bourmeau, directeur adjoint de la rédaction de Libération, ex-directeur adjoint des Inrockuptibles. est resté dans les mémoires pour avoir déclaré que l’arabe était « une langue de France » (voir la vidéo ci-dessous)
Complément 2: Quant à l’insécurité, il écrivait notamment le 19 aout 2012 dans Libération.
«Revenue au pouvoir , il est plus que temps que la gauche (…) renoue avec ses principes et démontre clairement que le réalisme se situe du côté de ceux qui jamais ne cherchent à attiser les peurs en confondant, par exemple, insécurité et sentiment d’insécurité.»