«Je ne sais pas comment dresser l’acte d’accusation d’un peuple tout entier », a déclaré Edmund Burke en parlant des rebelles américains.
La même chose est vraie pour l’Islam, la principale religion de 49 pays allant du Maroc à l’Indonésie, la foi de 1,6 milliard de personnes.
Pourtant, certaines affirmations semblent vraies.
L’islam devient plus militant et intolérant, il redevient une foi combattante, il ne se propage pas seulement par prosélytisme, mais aussi par la violence.
Comment justifier l’accusation d’intolérance?
Les talibans ont fait sauter les bouddhas de Bamiyan. Les sanctuaires soufis de Tombouctou ont été dynamités par Ansar Dine. En Arabie saoudite, en Iran et en Afghanistan, les musulmans convertis au christianisme sont condamnés à la peine de mort.
Au Nigeria, la secte Boko Haram attaque les églises et tue des chrétiens. C’est également le cas en Éthiopie et au Soudan, où les persécutions ont poussé le Sud à la sécession.
Les Coptes égyptiens sont assiégés [vivent un état de siège]. Assyriens et Chaldéens en Irak ont vu leurs églises pillées, leurs prêtres assassinés. En Indonésie, les églises sont fermées à la demande des islamistes. Des militants à travers le Moyen-Orient exigent l’application de la charia, le christianisme est exterminé dans son berceau.
L’Islam redevient-il une religion de combat ?
Des soulèvements islamistes utilisent la terreur en Tchétchénie, au Daghestan et en Ingouchie pour séparer ces petits états de la Russie. Les Ouïghours musulmans se battent pour arracher un morceau de la Chine et créer un Turkestan oriental. Les Malais musulmans dans le sud de la Thaïlande se battent depuis dix ans pour faire sécession. L’Albanie s’est adjoint deux états frères musulmans en Europe : la Bosnie et le Kosovo, tous les deux nés dans le sang.
«L’Islam a des frontières sanglantes», a écrit le regretté Samuel Huntington. Elles sont aujourd’hui encore plus sanglantes.
À l’époque du 11 septembre, al-Qaida semblait confinée à l’Afghanistan. Aujourd’hui, al-Qaida se trouve au Maghreb, au Mali, en Irak et au Yémen. Son homologue syrien, le Front al-Nousra est la force dominant dans la rébellion anti-Assad.
Depuis l’an 2000, les islamistes ont perpétré des massacres à Bombay, Madrid, Londres, Moscou, Beslan et Boston. Oussama Ben Laden ne semble plus aussi populaire qu’il l’était autrefois, pourtant des dizaines de millions dans le monde l’admirent toujours. Pourquoi?
L’islamisme peut également mobiliser de croyants convaincus prêts à mourir pour la cause. Aucune autre foi ne produit autant de kamikazes.
Les musulmans tentent de répliquer que l’Amérique a tué beaucoup plus de non-combattants, en Irak et en Afghanistan et au Pakistan par des frappes de drones.
De quel droit, demandent-ils, devions-nous attaquer l’Irak? N’avons-nous pas mis le feu aux poudres qui nous ont explosé à la figure à Boston?
Pourtant, il y a une autre réalité.
Alors que le choc des cultures se creuse entre l’Occident et l’islam, les dirigeants du monde musulman peuvent travailler avec les États-Unis contre leurs propres extrémistes.
Les djihadistes ne constituent en aucune manière la majorité dans le monde islamique, où on les craint et les hait comme en Occident; ils ne composent qu’une fraction des communautés musulmanes.
La crise: Même une infime minorité de terroristes comme les Tsarnaev peut attiser les tensions entre l’Occident et le monde musulman au point où ils déclenchent un conflit entre nos deux civilisations. Les guerres en Irak et en Afghanistan auraient-elles eu lieu sans l’atrocité du 11 septembre?
Quels sont les objectifs des djihadistes?
L’expulsion des chrétiens et des infidèles de la Dar al-Islam, la maison de l’islam. L’expulsion des croisés américains. Le renversement des dirigeants musulmans qui s’entendent avec le Grand Satan. L’annihilation d’Israël. L’infiltration des pays occidentaux moribonds et décadents. La mort pour tous ceux qui insultent le prophète.
Le but ultime: forcer le monde à reconnaître qu’il n’y a d’autre Dieu qu’Allah et Mahomet est son prophète et à agir en conséquence.
Et bien que le monde islamique demeure très inférieur en matière technologique, industrielle et militaire, les nations musulmanes sont beaucoup plus populeuses et pieuses. Elles constituent déjà un quart de l’humanité et leur taux de natalité est très élevé. Leur population et leur militantisme, en terre d’Islam et dans la diaspora ,sont en plein essor.
L’occident est en déclin tant sur le plan démographique et géographique, tandis que nos minorités musulmanes formulent leurs exigences avec de plus en plus d’assurance.
« On résiste à l’invasion des armées, on ne résiste pas à l’invasion des idées. » [l’anglais est une paraphrase pas la traduction exacte, voir ici], a déclaré Victor Hugo. Nombreux sont les musulmans qui croient qu’après cinq siècles de domination occidentale, c’est désormais le tour de l’islam.
Comment gérer ce conflit irréconciliable entre un Occident laïque et un islam renaissant?
D’abord, comme notre présence à l’étranger rend furieux tant de gens, nous devrions mettre fin à nos interventions, mettre fin à l’empire et laisser les dirigeants musulmans s’occuper des musulmans extrémistes.
Deuxièmement, il faut imposer un moratoire en matière d’immigration en provenance du monde islamique.
Car il est inévitable que de jeunes musulmans que nous laissons rentrer, comme les Tsarnaev, se radicaliseront et chercheront à nous frapper douloureusement au nom de l’islam.
Quels avantages tirons-nous, en tant que peuple, qui justifient les risques que nous prenons en ouvrant l’Amérique à une immigration de masse den provenance d’un monde embrasé par la haine et l’hostilité fondée sur la race, l’ethnie, la culture, l’histoire et la religion ?
Pourquoi importons-nous toutes les minorités querelleuses du monde et toutes leurs querelles chez nous?
Nous avons vu le côté sombre de la diversité à Boston.
Patrick J. Buchanan est l’auteur de « Suicide d’une superpuissance: L’Amérique survivra-t-elle à 2025 ? »
(Merci à RobertoCass et à Flamand, Diberville et Momo Bylette pour la traduction)