Ses concepteurs ont certainement voulu échapper au palmarès des Y’a bon awards en mettant en scène un balayeur blanc qui ramasse le détritus d’un grand bourgeois… noir. Je sais ce que vous pensez, toute mauvaise langue que vous êtes : le balayeur leucoderme est une espèce aussi rare que le commis de cuisine auvergnat ou le restaurant italien tenu par des transalpins.
Pas besoin de lire Christophe Guilluy pour comprendre que la géographie sociale de la capitale met aux prises grands bourgeois, bobos et immigrés, légaux ou non, à l’exception de tous ceux qui n’ont plus les moyens de se loger dans la termitière francilienne. Au contraire du reste de la France, le néoprolétariat parisien est souvent « divers » et vit de menus boulots dans la fonction publique, la restauration ou ailleurs. C’est cette réalité peu reluisante que Paris a voulu occulter avec son balayeur Potemkine au teint blafard. Comme pour démentir l’adage de Marx, le boomerang de cette farce pourrait lui revenir tragiquement en pleine face. Car d’aucuns estimeront qu’en voulant figurer un monde renversé où les balayeurs seraient blancs, la ville de Paris épingle le Noir sale. C’est du propre !