Anti-Europe, anti-immigrés, l’UKip (UK Independance Party) pourrait bien faire une entrée fracassante sur le théâtre électoral outre-Manche. Au grand dam de Cameron.
Addendum 04 05 2013 : Percée historique des souverainistes anglais. Avec 23% des voix aux élections locales, le parti europhobe Ukip soulève un vent de panique chez les conservateurs.
Les clowns ne font plus rire. Les adhérents de l’Ukip (UK Independence Party), qualifiés par le ministre conservateur Ken Clarke de «brochette de clowns», vont devoir être pris au sérieux. Ils donnent des sueurs froides au parti tory de David Cameron, alors qu’ils célébraient vendredi une percée historique lors d’élections locales partielles en Grande-Bretagne. «Les électeurs qui ont voté pour l’Ukip doivent être respectés. […]
Le Figaro (Merci à ayla et Paul Kruger)
Un scénario-cauchemar pour David Cameron qui n’a jamais fait mystère de son dégoût prononcé pour un parti qu’il juge composé «d’idiots et de racistes inavoués».
Avec ses cheveux lisses soigneusement séparés par une raie rectiligne sur le côté, ses blazers rutilants sans un faux pli et son sourire «Ultra-brite» jusqu’aux oreilles, Nigel Farage pourrait presque faire figure de gendre idéal pour la gentry britannique. Sauf que le leader-fondateur de l’Ukip prononcer «youkip», fait fonds de commerce de prendre à rebrousse-poils l’establishment, le bousculer, le rudoyer parfois. Avec sa voix tonitruante, son humour et son talent oratoire, le député européen est un invité à grande gueule très demandé des plateaux télés : avec lui, c’est sûr, il y aura du spectacle. Et de l’audience à la clé.
Surtout celle des déçus de la classe politique, ceux qui ne font pas confiance au peu charismatique leader du Labour Ed Miliband pour apporter un vrai changement dans leur vie quotidienne, et ceux qui sont en colère contre le Premier ministre David Cameron, jugé pas assez à droite. Souvent une Grande-Bretagne des champs ou des banlieues, blanche, un peu plus âgée que la moyenne, nostalgique de l’autorité affirmée de Margaret Thatcher, du rayonnement du Commonwealth, inquiète du poids de l’immigration et profondément anti-impôts et anti-Bruxelles. Ces inquiétudes et ces colères s’étendent et se transforment rapidement en convictions politiques en cette période d’austérité et de crise.
C’est quand il dénonce les «scroungers», les profiteurs des aides sociales, trop souvent des immigrés d’Europe de l’Est à ses yeux, que Nigel Farage rencontre le plus d’écho. Anti-écologiste, l’Ukip prône aussi la sélection à l’école, davantage de dépenses militaires, et le retour de l’autorisation de fumer dans les pubs. […]
Et à court terme, l’outsider est une menace supplémentaire pour son autorité sur son parti. «Si l’Ukip fait de bons résultats jeudi prochain, tous les paris sont ouverts», confie ce week-end un cadre conservateur au quotidien The Independent. Un vent de panique pourrait souffler, les élus craignant tous pour leur siège. L’aile droite du parti pourrait exiger un nouveau durcissement du ton face aux soutiens de David Cameron. Ceux-ci estiment qu’après la promesse d’un référendum sur la sortie de l’Union européenne et l’annonce d’une réorientation des aides sociales en direction des nationaux, beaucoup de gages ont déjà été donnés en deux mois. […]