Ils avaient voté François Hollande avec enthousiasme le 6 mai 2012. Un an plus tard, le cœur n’y est plus. Tour de France du (mauvais) moral des troupes.
Grenoble, le 19 avril. Militants et électeurs de gauche sont rassemblés dans un gymnase, pour les Ateliers du changement, organisés par le premier secrétaire du PS. Une vaste thérapie de groupe. Anthony prend le micro. Sa mère est italienne, son père algérien. Enfant, sa mère lui répétait: «Mon fils, on est de gauche parce que nous sommes ouvriers. » Le Grenoblois se tourne vers Harlem Désir: «DSK, Cahuzac, même Hollande… moi, je ne me sens pas représenté. Pour vous, qu’est-ce qu’être de gauche ? ».
Une militante associative lui succède au micro. Elle vote à gauche depuis toujours, a participé à la Marche des Beurs dans les années 1980. «Notre pays est un pays d’accueil. J’aimerais qu’on ne l’oublie pas ! En 1981, il y a eu la carte de dix ans pour les étrangers. En 1997, nous avons eu des régularisations. Aujourd’hui, qu’avons-nous? Si on continue, comme on le fait, à couper les immigrés du travail, on tombe dans les idées d’extrême-droite !»;
Un jeune diplômé aimerait que le président soit «aussi déterminé sur le droit de vote des étrangers que sur le mariage pour tous».
En coulisses, Malek, un encarté PS, ne cache pas sa déception: «On a beaucoup critiqué Sarkozy sur la question des étrangers. Mais c’est pire avec Valls! Sarkozy avait un discours très ferme, mais dans la réalité, il était souple. Valls, lui, il a durci les règles. Quand je fais un tour des quartiers difficiles, je ne sais plus quoi dire aux jeunes qui m’interpellent ! » […]
«Le moral n’est pas au beau fixe», note de son côté Nadia El Hjjaji, secrétaire de la section de Mulhouse. Cette responsable sent bien que les militants aimeraient plus de résultats «au niveau de l’entreprise, de la facture énergétique et du pouvoir d’achat». […]