Ajoutons à cela le mauvais feuilleton de la polémique Trullemans, et on se dit qu’il y a vraiment une crise des valeurs quant aux comportements à adopter : où mettre la barre de l’interdiction de la liberté d’expression et de la censure, où poser le témoin de notre indignation et de notre velléité de nous éloigner de propos ou de personnages désignés comme indésirables ? Comment nous préserver du ” Malin ” raciste, islamiste, xénophobe, islamophobe ou ancien SS qui réside en puissance jusque derrière l’agitateur d’inoffensives cartes météo ou de vieux imperméables de policiers de télévision ?
A dire vrai, il y a une grande incompréhension sur ce qu’est le racisme, et il est peut-être utile de se demander pourquoi on interdit certains propos. Grosso modo, la liberté d’expression est absolue, en ce compris pour les opinions qui dérangent, blessent ou gênent, sauf dans des cas devant être prévus par la loi, considérés comme nécessaires dans une société démocratique. Ces restrictions à la liberté d’expression n’existent pas partout. Dans le monde anglo-saxon, comme aux Etats-Unis, le fait de condamner certains propos par la loi apparaît très étrange, alors que sur le continent européen de telles restrictions apparaissent comme légitimes -peut-être le poids d’une histoire différente. Chez nous, la liberté d’expression reste néanmoins très large. Rappelons que la loi n’interdit pas le racisme en tant que tel. Vous pouvez penser qu’il faut jeter les Juifs ou les Arabes à la mer, vous pouvez même le dire dans un cadre privé ; somme toute, on ne peut pas vous interdire davantage d’être raciste que d’être idiot. Ce qui est interdit par la loi, c’est d’appeler publiquement à la haine ou à la discrimination. C’est tout, si on peut dire. (…)