La question des mineurs étrangers a temporairement trouvé une solution à Amiens derrière la façade discrète d’une maison bourgeoise. Dans cette bâtisse, une association, France Terre d’asile, héberge une vingtaine de jeunes d’origine congolaise, soudanaise ou guinéenne, qui, ces derniers mois, ont tous débarqué seuls, sans parents.
Les structures de ce type sont rares en France, mais se développent avec la hausse constante, depuis vingt ans, du nombre d’adolescents sans papiers. A l’échelle nationale, 6 000 à 8 000 mineurs dépendent aujourd’hui de collectivités plus ou moins préparées.
La situation est devenue financièrement ingérable. A Amiens comme ailleurs, un jeune migrant isolé coûte environ 250 euros par jour au conseil général.
Le foyer géré par France Terre d’asile fonctionne grâce à une subvention du conseil général. Au centre, les jeunes reçoivent des cours de français, participent à des ateliers socio-éducatifs et des sorties culturelles et sportives. Ils bénéficient d’un accompagnement juridique.
En 2000, seuls cinq mineurs isolés s’étaient égarés jusqu’à Amiens. Depuis 2011, ils sont une centaine par an.
Les raisons de la venue de ces jeunes migrants sont floues. La majorité d’entre eux disent n’avoir aucun contact avec leurs parents. Comme Brigette, une adolescente aux longs cheveux noirs, d’origine congolaise qui se dit âgée de 17 ans. Elle explique avoir « pris l’avion » depuis le Congo Kinshasa jusqu’à Paris. Après son arrivée, le 20 janvier, elle a été conduite « par une femme » jusqu’à la gare du Nord. De là, celle-ci lui aurait dit de prendre un train pour Amiens.
Les premiers temps, elle a été hébergée dans un foyer pour jeunes filles en difficulté. Puis elle a été orientée vers France Terre d’asile quand la structure a ouvert ses portes. « Je me sens beaucoup plus à l’aise ici », confie-t-elle. Brigette « aime l’informatique » et souhaiterait rester en France « faire des études » pour « devenir secrétaire ».
Quand ils sont originaires d’Afrique, la plupart des jeunes viennent en France par avion avec de faux papiers. Quand ils partent du Moyen-Orient, c’est par la route classique par la Turquie ou la Grèce.
Beaucoup disent être « orphelins » ou n’avoir « plus aucun contact » avec leurs proches. Le plus souvent, ils ont en fait été envoyés par leurs parents. Le but plus ou moins avoué : être pris en charge avant sa majorité, poursuivre des études, obtenir un titre de séjour et ouvrir ainsi la voie au regroupement familial.
Si un jeune arrive en France avant ses 16 ans, il peut aussi plus facilement obtenir la nationalité française.
La majorité sont des garçons. Mais des filles, parfois enceintes, apparaissent. Le pari des familles est alors « double » : « Protéger le gamin et avoir un appui dans un pays qui permette de s’échapper en cas de grand chamboulement politique. »
Le Monde (article sur abonnement)
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