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Dans Le mystère français (éd. du Seuil), coécrit avec Emmanuel Todd, le démographe Hervé Le Bras fait apparaître la persistance de structures catholiques comme facteur de la réussite de certaines régions. Interview par Pèlerin.

L’Église a marqué plus profondément qu’on ne l’imaginait les mœurs et les comportements, une vision des rapports humains, du couple, de la famille.

Dans Le mystère français, vous faites le constat d’une France coupée en deux. Selon quel axe ?

Depuis la Révolution, deux France cohabitent : l’une laïque, l’autre catholique. Nous l’avions déjà observé dans notre ouvrage, L’invention de la France (éd. Gallimard), en 1981. À l’époque, la fracture était politique, entre des régions acquises à la droite, structurées par l’Église catholique, et une France de gauche, structurée par le Parti communiste. Le communisme s’est effondré à partir des années 1990. La pratique religieuse a aussi chuté. Pourtant, nous avons pu observer que le clivage demeure.

Ce clivage est perpétué par ce que vous appelez un «catholicisme zombie» ?

Nous ne portons pas de jugement sur les croyances. Avec ce terme, nous voulons exprimer que malgré sa mort apparente avec la baisse de la pratique, le catholicisme est vivant en France. Il se traduit désormais en termes culturels, sur des questions comme le travail partiel des femmes, les choix d’orientation des jeunes ou l’esprit d’entreprise. Sans doute à cause d’une vision des rôles plus différenciée entre homme et femme, ou une méfiance envers le pouvoir central, qui ont produit une organisation différente. Cette France-là résiste assez bien à la crise : le chômage et les problèmes scolaires y sont moindres.

Comment expliquer une telle persistance ?

C’est l’un des enseignements de notre étude : l’anthropologie, c’est-à-dire les manières de penser, d’agir et de s’organiser, est plus forte que les mutations économiques.

Pélerin
Lire l’intégralité de l’article de Gwénola de Coutard : Hervé Le Bras, Les «cathos zombies », arbitres de l’avenir du pays, dans Pèlerin n° 6806, du 9 mai 2013.

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