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Dans un grand fracas, la grue balance un énorme tronc dans le conteneur. « Toutes ces grumes sont en partance pour la Chine », observe Alain Brivois, technicien en charge du contrôle des chargements de bois et de leurs traitements phytosanitaires dans toute la France. La semaine dernière, il était dans l’Oise, sur la route de Pierrefonds, afin de contrôler un chargement en direction de l’Asie.

Le département possède un domaine forestier vaste où, chaque année, près de 300.000 m3 de bois sont exploités. Le bois sur pied chargé ce jour-là partira le jour même en direction du Havre, avant d’être envoyé en Chine via les porte-conteneurs. « Des chargements comme celui-ci, il y en a de plus en plus. Ce pays est devenu un importateur incontournable ». Le hêtre et le chêne, qui composent la majorité des forêts du département, sont les deux essences les plus prisées par les Chinois.

« C’est possible parce que ce pays taxe peu l’importation de grumes, mais beaucoup les produits transformés. A contrario, en Europe, rien n’est protégé », regrette Laurent Denormandie président de la Fédération nationale de bois et fondateur de Sylvabois, exploitation forestière basée à Compiègne.

L’Oise vend ainsi aujourd’hui plus de bois brut que de parquets, menuiseries, meubles et autres. Entre 2009 et 2011, les exportations estimées de grumes de chêne et de hêtre, en partance pour la Chine, ont grimpé de 13 à 28% selon les chiffres du ministère de l’Agriculture.

La hausse des prix met à mal les scieries locales

« Ils n’en ont pas chez eux. Et pour des raisons environnementales, ils ne peuvent plus se contenter de leurs forêts. Ils viennent donc chez nous », confirme Laurent Denormandie, . Le hêtre leur sert pour l’aménagement intérieur de leur maison. Quant au chêne, qu’ils importent principalement d’Amérique et de France, ils le transforment et le renvoient sous forme de meubles et de parquets.

« Le problème, c’est qu’on ne maîtrise rien. Conséquence, quasiment tout le bois est exporté. Et les demandes asiatiques ne cessent de croître. C’est un gouffre sans fin… », soulève Laurent Denormandie. Avec la demande, les prix grimpent et les scieries locales ne peuvent rivaliser, mettant en péril leur existence. Certains professionnels se plaignent ainsi de récupérer les lots les plus abîmés. « Beaucoup de scieries ont dû fermer. D’autres sont en danger. C’est toute la filière bois dans le département qui pâtit de cette situation », alerte le président.

Dans l’Oise, entre les charpentiers, les scieries, les exploitants, etc. ce sont près de 1500 emplois qui vivent directement de la filière. Et impossible de vendre plus de bois. A Compiègne, l’Office national des forêts (ONF) est clair. « Nous vendons déjà tout ce qui est vendable », assure Michel Leblanc, responsable ONF des forêts Compiègne-Laigue.

Seules solutions possibles pour Laurent Denormandie: légiférer sur ces exportations. Un enjeu d’autant plus important à l’heure où les Français se chauffent de plus en plus au bois.

Le Parisien

(Merci à Lionel)

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