La nouvelle effraie les plus européens tandis que ce projet de référendum est jalousé par les plus eurosceptiques des pays membres. Pour Christophe Reveillard, spécialiste de la question, il est vraiment temps pour l’Union Européenne de se réformer, ou elle signera sa perte.
A l’horizon 2017, les Britanniques seront appelés à répondre à cette question : « Pensez-vous que le Royaume-Uni devrait rester un membre de l’Union européenne ? ». Le Premier ministre David Cameron a fait un pas en faveur des eurosceptiques britanniques, mardi 14 mai, en inscrivant dans un projet de loi sa promesse de convoquer un référendum.
Ils sont nombreux à estimer qu’une sortie du Royaume-Uni de l’UE représenterait la mort assuré d’un pays condamné à l’isolement et à l’ostracisme. Mais derrière cette idée, la Grande Bretagne a peut-être des ambitions encore plus grandes, un projet dans lequel l’Union Européenne n’a pas de rôle à jouer. Christophe Réveillard, spécialiste de la question européenne et membre de l’UMR Roland Mousnier (École doctorale Moderne et contemporaine Paris-Sorbonne Paris IV – Centre d’Histoire de l’Europe et des relations internationales ), nous explique.
Si on organisait un référendum dans ce contexte, nous aurions sans doute le pire résultat imaginable. Nous le verrons d’ailleurs sans doute lors des élections de 2014.
Certains pays resteraient favorables à l’UE, tels que les nouveaux adhérents qui ont reçu des aides de pré-adhésion et qui bénéficient aujourd’hui des fonds de la PAC et de la politique de fonds structurels. Mais en termes d’identité nationale, c’est encore dans ces pays que les réactions sont les plus virulentes à l’encontre de l’UE.
Ailleurs, en Italie par exemple, on estime que 50% des habitants seraient favorables à une sortie de l’UE et parmi ceux qui veulent rester, une grande partie exige des réformes, la France commence elle-même à voir une majorité de sa population douter de l’UE et de la politique d’intégration.
Dans les pays fondateurs, les taux seraient extrêmement bas. Il serait en fait très difficile de trouver une population largement favorable à un maintien de son pays dans l’Union Européenne.
Ce constat est le signe qui démontre que l’argumentaire ressassé depuis des décennies sur le « toujours plus d’Europe » doit être maintenant largement abandonné par l’élite pro-intégration européenne car il conduit à un niveau d’exaspération des populations qui ne voient toujours pas les institutions remettre en question les politiques qui ont échoué, ni considérer l’extrême gravité de la crise qui est systémique et qui par définition appelle à un changement de système.
Vous estimez donc que l’espérance de vie de l’Union Européenne est aujourd’hui très courte ?
C’est évident. Si elle ne se réforme pas de manière systémique, elle est morte demain. Tous les pays sont en récession, la crise est devant nous et nous continuons à aller droit dans le mur par l’absence d’alternative aux politiques qui ont failli.
Pour venir en aide aux pays en difficultés, l’Europe donne plus de pouvoir à la Banque Centrale européenne. Elle s’attaque donc aux conséquences et pas aux causes des problèmes.
Nous sommes arrivés au dernier étage de l’intégration, si l’Union Européenne ne fait rien, elle est condamnée.