L’ère des lamentations est terminée. Les habitants des quartiers Nord ont décidé de se prendre en main, de faire des propositions pour sortir les cités du chaos où les ont plongées trafics et règlements de comptes.
Regroupés sous “Le collectif du 1er juin”, les habitants d’une vingtaine de cités iront manifester dans dix jours au pied des escaliers de la gare Saint-Charles où ils brandiront une liste de vingt-trois propositions (lire par ailleurs) destinées aux pouvoirs publics. Une première à Marseille où la population des cités veut désormais contrôler son destin.
Hier matin, elles étaient une quinzaine au “parc de Font Obscure”, près de Carrefour le Merlan (14e), venues expliquer leur démarche et exprimer leur désarroi.
Des mères de familles touchées par la violence qui secoue le nord de la ville
Où, en moins de 18 mois, près de 25 jeunes sont tombés, sous le feu des armes lourdes le plus souvent. Mais hier, il n’était pas uniquement question de drogue et règlements de comptes.
“Il n’y a pas que ça, exprimait une habitante. La première violente ici c’est la pauvreté due au chômage. La revendication de base c’est l’emploi. C’est difficile d’expliquer à un jeune de faire une formation, sachant qu’avec un CAP, par exemple, il n’est pas sûr de trouver de l’argent alors qu’en trafiquant dans la cité, tout roulera pour lui.”
“Il y a des jeunes qui ont des diplômes, insista une autre mère, et ils se retrouvent à faire le ménage dans un fast-food . Vous trouvez que c’est normal ?”
Présente à Font Obscure, l’élue Front de gauche Haouaria Hadj-Chick résuma l’état d’esprit des habitants : “Le problème ici c’est que tout le monde a arrêté de rêver, de croire qu’avec une formation ou un diplôme, on pouvait s’en sortir.”
*La manifestation du “collectif du 1er juin” se déroulera le samedi 1er juin.
Rendez-vous à 14 h 30 devant les escaliers de la gare Saint-Charles.