Le Point a rencontré plusieurs étrangers au moment où ils recevaient la nationalité française. Ils témoignent de leur «parcours du combattant qui a éprouvé leurs nerfs durant presque deux ans».
Certains aussi ont besoin d’être rassurés sur leur avenir : Suzan a peur des difficultés administratives si elle devenait veuve, Zahra s’inquiète des changements des règles en matière de carte de séjour en cas de bouleversements politiques.
«C’est le seul moment de ma vie où je suis fière de puer.» Depuis qu’elle vit en France, Fortunata, Albanaise de 45 ans, a toujours du fromage dans ses bagages quand elle retourne voir ses proches à Tirana. Une façon de montrer son amour pour son pays d’adoption. Cela fait une semaine qu’elle révise la Marseillaise. Elle veut être à la hauteur : demain, elle reçoit son décret de naturalisation lors de la cérémonie d’accueil dans la citoyenneté française. […]
Au menu des réjouissances : film sur la France, discours de bienvenue et Marseillaise. L’assemblée s’est levée et entonne l’hymne. Quand elle se rassoit, Maria-Christine, Péruvienne de 35 ans, est en larmes. Aldjia, Algérienne de 32 ans, a «la chair de poule». Rami, 36 ans, d’origine kabyle, a senti pendant le chant que «quelque chose entrait» en lui. Le spectateur extérieur lui aussi est emporté par ce torrent de fraternité. […]
«Abandonner notre nationalité d’origine ? Cela aurait été un problème» : Mohammed et sa femme Ghita ont fait toutes leurs études au lycée français de Casablanca, leur double culture leur est constitutionnelle. Karine a attendu pour devenir française que les Pays-Bas acceptent la double nationalité. Ils sont tous fiers de leurs origines et en cas de compétition sportive entre leurs deux pays de coeur l’esprit sportif l’emporte : «Que le meilleur gagne.»
Qu’est-ce qui les a poussés à devenir français, à faire leur un pays dont 70 % de la population pense que les étrangers sont trop nombreux et 62 % qu’ «on ne se sent plus chez soi comme avant», comme le révèle une étude Ipsos pour Le Monde publiée en janvier ? Ils sont là en moyenne depuis une quinzaine d’années, ont une carte de résident qui leur a fait oublier les tracasseries administratives et se sont pourtant lancés dans l’aventure de la naturalisation. Ils ont dû fournir une montagne de documents, ont prouvé qu’ils n’étaient pas en délicatesse avec le fisc, ni avec la police et la justice, ont justifié de leurs ressources et ont passé à la préfecture un entretien d’assimilation. Un parcours du combattant qui a éprouvé leurs nerfs durant presque deux ans. […]
Le Point (Merci à sauvonsnotrenation)