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Magistrat antiterroriste à Paris depuis plus de dix ans, Marc Trévidic, 47 ans, qui a enquêté sur de nombreux réseaux de jihadistes et filières d’entraînement, estime que les services de police et de renseignement français, britanniques ou américains ne sont pas armés «pour détecter des jihadistes individuels et des microgroupes dilués dans nos sociétés».

Al-Qaeda ne pouvant plus préparer de grosses opérations, Al-Qaeda en péninsule arabique (Aqpa) a lancé il y a quelques années l’appel au jihad individuel : «Passez à l’action où que vous soyez avec les moyens du bord si vous acceptez de mourir pour Allah.» Ce grand effort de radicalisation de nos jeunes a l’effet escompté, puisque certains prennent l’initiative de passer à l’acte, comme à Londres.

Pourquoi les services de lutte antiterroriste sont-ils impuissants à contrer les extrémistes comme ceux de Londres ?

On a affaire à des meurtriers ayant des comportements irrationnels, à des fanatiques guidés par la haine et non organisés. Ils ont agi de manière spontanée en tuant dans la rue un soldat qui sort d’une caserne, avec les moyens du bord, couteaux de cuisine et hachoir de boucher. C’est le degré zéro du terrorisme. Nous savons lutter contre des organisations ayant une stratégie politique ou un projet terroriste, mais pas contre ces actes commis par des gens isolés qui relèvent du pulsionnel, du pétage de plomb de jeunes radicalisés via Internet. […]

On ne peut pas arrêter des gens seulement parce qu’ils sont extrémistes. Car des radicaux, il y en a des milliers. Le 100% de prévention, c’est fini depuis l’affaire Merah. Aujourd’hui, il est compliqué d’agir car nous sommes à la frontière entre religion et fanatisme, entre la secte et l’islam. C’est désespérant. Nous sommes face à un véritable défi pour nos démocraties.

Libération

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