En septembre 2012, pour sa première rentrée en tant que ministre de l’Education nationale, Vincent Peillon met en place les leçons de morale laïque à l’école. Bernard Girard, enseignant en collège y voit le «retour de l’ordre moral».
Avec la Marseillaise et le drapeau obligatoires, avec des programmes d’histoire qui restent obnubilés par le fait national, avec la préférence affichée pour l’ordre moral contre l’esprit critique, Peillon développe sans état d’âme une bonne partie du projet éducatif de l’extrême-droite.
La refondation du système éducatif, elle, attend toujours, sans doute pas le souci premier d’un ministre, manifestement davantage préoccupé par les effets d’annonce et, plus inquiétant, travaillé par des obsessions idéologiques qui se dévoilent au fil des mois. […]Mises bout à bout, les décisions ministérielles sur la morale laïque et les symboles nationaux, indéniablement, font sens :
«Nous devons aimer notre patrie (…) apprendre notre hymne national me semble une chose évidente ». Par ce «notre», il faut évidemment comprendre que chaque élève, chaque citoyen de ce pays ne peut avoir d’autre patrie que celle de Peillon. […]
Le drapeau, comme la Marseillaise, obéissent à une double injonction :
-imposer de force à toute la jeunesse le dogme d’une communauté de peuple rassemblée dans la nation – un concept tellement artificiel que le législateur ne peut le défendre autrement que par le bourrage de crâne et les poursuites pénales (délit d’outrage aux symboles nationaux) ;
-mais aussi, en faisant de cette appartenance le fondement de la vie en société, établir au sein d’un même établissement, d’une même salle de classe, une discrimination brutale entre les élèves français de souche – pour reprendre cette terminologie hideuse qui a désormais droit de cité à l’école – et ceux qui ne le sont pas. […]
Le drapeau sur la façade de l’école ? Mais derrière la façade, à l’intérieur de l’école, vivent des centaines de milliers d’élèves dont les parents se voient refuser les droits politiques les plus élémentaires, au premier rang desquels le droit de vote.